Voici la suite de la première partie diffusée récemment, l'histoire du canal du Midi fut au XVIIème siècle une grande aventure, les archives conservées sont conséquentes, cela mérite que le sujet soit développé, je vous souhaite une bonne découverte ...
Voici le tracé en rouge du canal du Midi entre Toulouse et le port de Sète créé par Pierre Paul Riquet
Afin de vous remettre dans "le bain" après la diffusion de la première partie, je vous propose quelques jolies photos du canal du Midi pour vous détendre ...
... le canal du Midi est réputé pour déstresser ... c'est d'un calme enchanteur
Une écluse sur le canal du Midi, c'est une très belle photo HDR , cette technique qui permet d'assembler plusieurs images avec des réglages d'exposition différents
Comme vous pouvez le voir sur cette photo, le canal du Midi vous offre de belles pistes cyclables ombragées sur plusieurs centaines de kilomètres
Des ponts aux formes et architectures diverses et variées, Riquet était aussi un artiste
Pont sur le canal du Midi à Jouarres le Vieux juste après Homps en remontant vers Carcassonne
superbe perspective sur le canal du Midi
Écluses avec ses bajoyers arrondis caractéristiques du canal du Midi. La bitte d'amarrage sur une écluse on la nomme plutôt "bollard".
Il n'y a pas que les plaisanciers qui prennent plaisir à naviguer sur le canal du Midi, les cyclistes aussi sillonnent les berges entre Toulouse et Béziers.
Peut-être que nous aurons l'occasion d'avoir des témoignages de leur part, dans la rubrique "commentaires" à la fin de ce reportage
C'est impressionnant le nombre d'ouvrages d'art que Riquet réalisa ! Sur ses 240 km, le canal du Midi est jalonné de 382 ouvrages d'art : épanchoirs, écluses, aqueducs, ponts, déversoirs, tunnels.
Cela ne vous donne pas envie d'aller à la pêche ?
Elle n'est pas belle la vie le long du canal du Midi !
Le pont à Portiragnes, je ne sais pas s'il existe un catalogue photos répertoriant tous les ponts sur le canal du Midi ?
Tous ces ponts sur le canal du Midi sont différents
Riquet fit construire des ponts aqueducs pour faire franchir au canal le lit des rivières, des torrents ou des ruisseaux qu'il croise sur sa route, les eaux sauvages passant ainsi sous le canal. Lors des travaux de Riquet il n'avait fait construire que trois ponts de cette nature dans toute la longueur du canal, aux lieux où ils lui avaient paru indispensables : un sur la rivière de Répudre et les deux autres sur les ruisseaux de Jouarres et de Marseillette. On se servait d'épanchoirs ou de vannes pour se débarrasser des autres eaux affluentes. Mais ces eaux déposant toujours dans le canal des limons et des sables, le maréchal de Vauban, lors de sa visite en 1686, proposa d'étendre la méthode de Riquet et fit multiplier les ponts aqueducs. On en compte aujourd'hui jusqu'à une soixantaine. Les plus remarquables sont ceux de Fresquel, d'Orviel, de Répudre et de Cesse. L'aqueduc de Sainte-Agne, près de Toulouse, construit en 1766, mérite aussi d'être cité par sa forme singulière.
Ici on voit, l'arrivée de la rigole de la Plaine dans le bassin de Naurouze, source principale d'eau du canal du Midi, j'aurai l'occasion de vous en reparler, car mon ami Henri Toustou y est allé tout récemment et il m'a rapporté de nombreuses photos.
En plusieurs endroits il a fallu creuser dans le roc le lit du canal, quelquefois même à une profondeur considérable, pour trouver le niveau. Dans la plaine d'Argeliers il y a une excavation de ce type sur 3898 mètres de longueur. Mais de tous les ouvrages de cette nature, celui qui attire l'attention de curieux, c'est la fameuse grotte ou voûte du Malpas près de Béziers, où le canal s'engouffre dans ce passage souterrain.
En rouge le tracé du canal du Midi, le tunnel de Malpas se situe juste avant Colombiers à droite
Le canal du Midi traverse le passage souterrain de Malpas (160 mètres de long) près de Béziers
Photo de gauche, l'entrée du passage souterrain de Malpas près de Béziers. A droite, le canal du Midi dans la traversée de Carcassonne
Voici deux photos de l'intérieur du passage souterrain de Malpas près de Béziers
Le tunnel de Malpas est un tunnel creusé en 1679 sous la colline d'Ensérune dans l'Hérault, pour y faire passer le canal du Midi. Il est le symbole de l'obstination de Pierre Paul Riquet.
C'est le premier tunnel creusé pour y faire passer un canal. Le tunnel fut percé en moins de 8 jours dans un grès très friable, soutenu par une voûte cimentée de bout en bout.
Long de 165 mètres, ce tunnel venait d'éviter une écluse supplémentaire sur le tracé du canal.
Sous le tunnel de Malpas se trouvent deux autres tunnels réalisés à des niveaux différents, dont les tracés se croisent, une première galerie datant du XIIIème siècle qui a été percée pour permettre le drainage de l'étang de Montady et un second tunnel ferroviaire creusé au XIXème siècle pour laisser passage à la ligne de chemin de fer Béziers / Narbonne.
la sortie du tunnel de Malpas en direction de Colombiers
Les Ponts Jumeaux à Toulouse cerclés en rouge. Je vous ai tracé en rouge sur cet extrait le parcours du canal du Midi dans sa traversée de Toulouse
Qui ne connaît pas cet endroit à Toulouse, les Ponts Jumeaux du canal du Midi au port de l'Embouchure.
les Ponts Jumeaux du canal du Midi au port de l'Embouchure à Toulouse
Les deux ponts furent construits en 1774 sur le port de l'Embouchure à Toulouse par Joseph-Marie de Saget, ingénieur des travaux publics de la province de Languedoc.
Ils remplacèrent le Pont du Petit Gragnague rendu trop court par le creusement du canal de Brienne. En fait, il existe trois ponts, qui sont chacun à l'entrée d'un canal : celui du Canal du Midi pour le pont du centre, celui du canal latéral à la Garonne pour le pont nord, et enfin celui du canal de Brienne pour le pont sud. Le pont nord a été rajouté lors de la construction du canal latéral à la Garonne en 1844.
les Ponts Jumeaux du canal du Midi à Toulouse, photo récente prise en novembre 2011
Le bas relief de François Lucas entre les Ponts Jumeaux du canal du Midi à Toulouse.
Un bas-relief en marbre de Carrare a été réalisé entre les Ponts Jumeaux (côté Sud) entre 1773 et 1775 par François Lucas artiste toulousain professeur à l'académie royale.
Il représente l'Occitanie, la province de Languedoc, ordonnant au canal qui atteint la Garonne en aval de Toulouse, de recevoir à son tour les eaux du fleuve pour mieux communiquer avec la cité, tandis que deux jeunes terrassiers creusent le canal de Brienne.
La Garonne est représentée tenant une corne d'abondance, avec à ses côtés un laboureur stimulant ses bœufs.
Il s'agit d'une allégorie : Tout à gauche se trouve le canal représenté par un homme barbu, à sa droite deux jeunes génies, équipés de pioches, construisent une écluse.
Au centre, l'Occitanie tient le gouvernail d'une barque frappée aux armes du Languedoc. Par un geste de commandement, elle ordonne au canal de recevoir les eaux de la Garonne, l'autre personnage féminin de cette fresque, celle-ci, tenant une corne d'abondance, encourage un génie laboureur à stimuler ses bœufs pour tracer un sillon en Lauragais. En arrière plan on distingue une voile de bateau et les toits de Toulouse.
Gravure de 1775 du bas relief de François Lucas réalisé le long du canal du Midi à Toulouse entre les Ponts Jumeaux
Toulouse port de l'Embouchure sur le canal du Midi aux Pont Jumeaux
Toulouse port de l'Embouchure sur le canal du Midi aux Ponts Jumeaux bas-relief de François Lucas
Un essai de prise de vue afin de faire ressortir le relief du bas-relief de François Lucas
Canal du Midi détails du bas-relief des Ponts Jumeaux à Toulouse, les génies des arts
Canal du Midi, détail du bas-relief des Ponts Jumeaux à Toulouse
Toile d'Édouard Debat-Ponsan1896 montrant François Lucas sculptant le bas relief aux Ponts Jumeaux à Toulouse et le Cardinal Loménie-de-Brienne.Cette toile est exposée au Capitole de Toulouse, salle de la mairie.
Les Ponts Jumeaux à Toulouse
Les quais le long du canal du Midi en face des Ponts Jumeaux à Toulouse en novembre 2011
Une vue d'ensemble du canal du Midi aux Ponts Jumeaux à Toulouse au port de l'Embouchure
Riquet prévoit entre Toulouse et Naurouze, le point de partage des eaux entre l'Atlantique et Méditerranée, 16 écluses permettant de franchir les 57 mètres de dénivelé, tandis qu'entre Naurouze et l'étang de Thau, les 190 mètres de dénivelé nécessiteront 48 écluses. Sur l'ensemble du tracé du canal, Riquet fera édifier en outre plus de 300 ouvrages d'art : écluses (souvent multiples), mais aussi des ponts, bassins, ponts-canaux (dont celui de Répudre, premier pont-canal français), aqueducs, tunnels, etc. Auxquels il faut ajouter, les aménagements de la montagne Noire : barrage de Saint Ferréol, 76 kilomètres de petits canaux et une bonne centaine d'ouvrages divers.
La retenue d'eau de Saint Ferréol sur 67 hectares réalisée par Pierre Paul Riquet.
Le Lac de Saint-Ferréol est un lac artificiel de la Montagne Noire alimenté par la Rigole de la montagne qui reçoit les eaux du Laudot et du Sor grâce à un tunnel de 122 m de long.
Pour accélérer les travaux, Riquet avait instauré un système ingénieux de portillon. Chaque porteur de glaise passait à tour de rôle par un tourniquet et recevait, pour chaque passage, un denier.
Les ouvriers arrivaient ainsi à gagner jusqu'à 10 sols par jour, soit 120 deniers.
canal du Midi bassin de Saint Ferréol coté de la digue en 1905.
Ce barrage a été construit par Pierre Paul Riquet entre 1667 et 1672 pour créer une réserve d'eau sur 67 hectares et d’une contenance de 6 millions de mètres cube dans le but d'alimenter le Canal du Midi via " la Rigole de la plaine", nom donné au petit canal qui va jusqu'au Seuil de Naurouze.
canal du Midi, bassin de Saint Ferréol coté de la digue en 1905
canal du Midi, bassin de Saint Ferréol coté de la digue en 1905
Les travaux avanceront à un rythme soutenu et en mai 1668 soit 1 an après le début des travaux, un premier tronçon de canal, entre Toulouse et Naurouze, est mis en eau. On y naviguera deux ans plus tard.
Le 3 novembre 1669, MM. de Bezons et de la Feuille représentant de Colbert firent la visite de la première partie du canal. A ce moment là, 7200 travailleurs, parmi lesquels on comptait 600 femmes et 1000 autres personnes qui travaillaient à la montagne de Saint Ferréol et à la rigole de dérivation.
Innovant sur le plan technique, Pierre Paul Riquet le fut également en matière sociale. Il décida de la mensualisation des salaires des ouvriers qui travaillèrent sur la construction du Canal et institua des prémisses de sécurité sociale pour ses ouvriers en les payant lorsqu’ils étaient malades ainsi que les jours fériés et les jours de pluie. Il mit en place pour les ouvriers qui travaillaient sur les chantiers du Canal ce que l’on peut considérer comme l’ancêtre de la Sécurité Sociale. Les ouvriers étaient payés 10 livres par mois ce qui était bien supérieur aux salaires qu’ils auraient pu espérer pour la même tâche, notamment s'ils avaient fait des travaux agricoles. Les jours de repos (jours fériés, dimanche et jours de pluie) n’étaient pas déduits. Un logement leur était fourni pour une somme très modique. Les ouvriers qui étaient malades étaient payés comme s’ils travaillaient, pendant le temps de leur maladie. Les conditions de travail impensables au XVIIème siècle comme l’assurance maladie ou les salaires élevés, pratiquées dans l'entreprise de Riquet, lui valurent beaucoup d'adversaires et d'ennemis et il n'a pas pu maintenir ses niveaux de salaire, fortement contestés par la concurrence des paysans, et des manufacturiers n’ont pas fait que des amis à Riquet parmi les entrepreneurs de la région, tous les ouvriers voulant travailler avec ces salaires importants.
En rouge le tracé du canal du Midi traversant Castelnaudary jusqu'à Villepinte
canal du Midi, le grand bassin à Castelnaudary. C'est la seule étendue d'eau de cette dimension (7 hectares) entre Toulouse et Sète.
canal du Midi, le port de Castelnaudary
canal du Midi, le port de Castelnaudary
Canal du Midi, le grand bassin à Castelnaudary. C'est sur la demande des habitants de la ville, que Pierre Paul Riquet, et François Andréossy, ont fait de Castelnaudary le cœur technologique de cet ouvrage.
Canal du Midi, les quais du port de Castelnaudary
En 1670, Riquet menait de front la construction du port de Sète et les travaux depuis Trèbes jusqu'à l'étang de Thau. En novembre 1670 M. de Seignelay, fils de M. Colbert visita l'ensemble de cet énorme chantier de Toulouse à Agde ainsi que le futur port de Sète en travaux.
Voici le tracé en rouge du canal du Midi entre Villeneuve-lès-Béziers et Agde
En rouge, le canal du Midi débouchant dans l'étang de Thau après avoir contourné la ville d'Agde
canal du Midi, les ouvrages du Libron qui méritent quelques explications sur son fonctionnement.
Le Libron est un fleuve qui se jette dans la Mer Méditerranée vers Vias, après avoir croisé le Canal du Midi, grâce à un ensemble d'ouvrages.
Ce fleuve Libron est assez capricieux, il causa des crues dévastatrices, ses eaux sont chargés de limon qui avait tendance à ensabler le canal du Midi. Lors de la construction du Canal du Midi au 17ème siècle, un premier système de radeau fût mis en place. En canalisant la rivière, ce dispositif limitait l'impact des crues mais son efficacité restait très relative.
Il n'était plus question que le Libron se jette dans le canal. Mais comment faire, pour que le Libron poursuive sa route vers la mer toute proche ?
La solution a été trouvée : construit en 1858, les ouvrages du Libron permettent aux eaux du fleuve de passer au-dessus du canal du midi.
C'est un pont-bâche où deux bâches suspendues forment un lit artificiel et obstruent le passage du canal. Cet un ingénieux système aux caractéristiques hydrauliques unique au monde.
Cela fonctionne comme un by-pass. Le Libron est divisé en deux branches, il suffit de fermer un premier cours d'eau grâce à un système de portes. Une fois ce premier bras passé, les péniches stationnent dans un espace intermédiaire (sas) en attendant la fermeture du deuxième bras de la rivière, pour continuer leur route. Simple en théorie mais complexe dans sa réalisation, l'ouvrage constitué de structures métalliques en portique, compte en effet un certain nombre de manivelles, de leviers, de caissons étanches, de portes montées sur rails, etc...
Les ouvrages du Libron sont ouverts au public, il y a un panneau explicatif décrivant son fonctionnement. Il est possible de visiter les installations surplombant le canal. L'accès au site est gratuit.
Le 24 mai 1671 un traité fut signé pour faire passer le canal près de Castelnaudary avec la création d'un port.
Malgré la contribution des finances royales et des États du Languedoc, les difficultés sont permanentes. Riquet doit négocier avec chaque ville : Castelnaudary a cédé et y a gagné le vaste port-bassin qui assoira son développement économique ; Carcassonne refuse et devra attendre les premières années du XIXème siècle pour que, détourné le canal traverse enfin la ville. La part de financement assumée par Riquet va croissant et engloutit peu à peu toute sa fortune.
Une lettre de Colbert daté du 30 novembre 1672, nous apprend que Riquet fut grièvement malade.
Pour le plaisir des yeux ...
Le 30 septembre 1673, le roi Louis XIV autorisa tous les particuliers de bâtir des maisons au port de Sète encore en construction.
Des difficultés commencèrent à la rivière d'Ognon, des divergences d'opinions parmi les ingénieurs sont apparues quand au tracé du canal vers Sète, le terrain était rocheux. Il eut des disputes qui durèrent assez longtemps chacun donnant son avis, des lettres parvenaient à Colbert expliquant que Riquet avait échoué. Mais Riquet ne s'avoua pas vaincu, il changea son tracé et fit percer la montagne en six jours. De Trèbes jusqu'à l'étang de Thau le tracé ne fut pas aisé, ce qui engendra des dépenses supplémentaires, Riquet fut réduit à pourvoir par des emprunts onéreux.
Le canal du Midi en rouge dans le secteur de Carcassonne
Le canal du Midi dans sa traversée de Carcassonne
C'est l'occasion aussi de voir passer de beau voilier, et la manoeuvre pour le passage d'une écluse est toujours intéressante
Panorama pris aux écluses de Fonséranes, vous apercevez Béziers au fond, la bifurcation : à gauche les bateaux empruntent le passage des écluses, à droite c'est la pente d'eau.
La pente d'eau avait été construite afin d'accélérer le transport de marchandises en économisant le passage par les huit bassins.
Mais cette réalisation était bien trop tardive et très coûteuse. Aujourd'hui, ceux qui naviguent sur le canal le font à des fins touristiques et préfèrent bien entendu franchir l'escalier d'écluses.
La pente d'eau n'est plus entretenue. Le fonctionnement de la pente d'eau est très simple : la péniche entre dans un bac rempli d'eau au sommet ou en bas puis elle est transportée sur un engin motorisé monté sur pneus.
L'ensemble roule vers le haut ou vers le bas pour libérer la péniche à l'arrivée.
En tout cas, l'écluse originelle existe toujours, à la grande satisfaction des touristes et des amoureux du patrimoine. Aujourd'hui, Fonséranes est le site le plus visité du Canal du Midi.
La forme ovoïde des écluses est très caractéristique au canal du Midi. A l'origine des premières constructions d'écluses il y eut des effondrements des murs à cause de la pression des terres lorsque l'écluse était vide. Riquet eut l'idée d'adopter cette forme, à la manière des voûtes les pressions sont réparties sur les points d'appuis, et le problème fut réglé.
Tout le monde connaît le mécanisme des écluses qui au moyen de deux portes et d'un bassin ou sas, elles font monter ou descendre les barques d'un niveau à un autre. L'écluse de Fonséranes, près de Béziers, est l'un des ouvrages les plus remarquables de canal du Midi, il est composé de huit sas accolés ou placés l'un au-dessus de l'autre, neuf portes qui forment une cascade de 297,50 mètres, pour une dénivellation de 21 mètres. Par le moyen de huit bassins et de leurs portes, le canal, amené sur les coteaux qui s'étendent au sud de Béziers, descend au niveau de la plaine et presque à celui de la rivière d'Orb, qu'il traverse à peu de distance de là, après l'écluse de Notre-Dame.
La majesté du lieu, la prouesse technique que cela représentait en matière de génie civil, saisissent aujourd’hui encore les visiteurs du site. Cet ensemble fait des écluses de Fonséranes le 3 ème site touristique le plus visité en Languedoc Roussillon, après le pont du Gard et la cité de Carcassonne. C'est aussi l'un des ouvrages les plus visités du canal du Midi, avec 320 000 visiteurs par an. Ces écluses ont fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par un arrêté du 14 octobre 1996.
L'avant dernière écluses de Fonséranes en direction de Béziers. Ces écluses successives permettent le franchissement d'un dénivelé de 21,50 mètres sur 300 mètres de long,
Le canal, après avoir traversé la rivière de l'Hérault au-dessus de la ville d'Agde, vient déboucher dans l'étang de Thau, vers l'extrémité méridionale de cette grande lagune. Les bateaux descendent du canal au niveau de l'étang par l'écluse dite du Bagnas. Au moyen d'une digue terminée par une jetée qui sert de chemin de halage, le lit du canal se prolonge dans l'étang sur une distance de 247 mètres. De l'extrémité de cette digue il y a 14 kilomètres jusqu'à l'entrée du canal conduisant au port de Sète, qui se trouve à l'Est entre l'étang de Thau et la Méditerranée. C'est à ce port, dont la construction fut aussi dirigée par Riquet, que se termine entièrement la navigation du canal du Midi.
Petit port, bassin entre deux écluses du canal du Midi
Usé, endetté, Riquet mourut le 1er octobre 1680 à Toulouse, dans le quartier des Puits-Clos, époque à laquelle il ne restait qu'environ 4 km du canal à faire, près de Somail, à 8 km de Narbonne. Il fut inhumé dans la Cathédrale Saint-Etienne de Toulouse. Il avait eu soin d'associer à ses travaux un de ses enfants, dans lequel il voulait trouver un successeur et un autre lui-même, en cas de maladie ou de mort. Les enfants de Riquet hériteront de la dette, mais ils achevèrent son entreprise. Ce fut donc Jean-Mathias Riquet de Bon-Repos (1638-1714), maître des requêtes qui, animé du même zèle que son père, se hâta d'achever ce reste d'ouvrage, aidé de son frère cadet, Pierre Paul Riquet (1644-1730), comte de Caraman, capitaine aux gardes et ensuite lieutenant général des armées du roi ; et de MM de Grammont, baron de Lanta, et de M. de Lombrail, trésorier de France, tous deux gendres de Riquet. Les travaux seront terminés six mois après la mort de son inventeur. Monsieur Riquet fils pria le roi d'en ordonner la vérification, et de faire estimer en même temps les ouvrages extraordinaires, afin d'en régler la liquidation. Trois commissaires partirent de Béziers le 2 mai 1681, et firent la visite du canal à sec jusqu'à son embouchure dans la Garonne, en suivant ses bords. Tout fut examiné en détail, les talus, les écluses, les chaussées, les épanchoirs, ils visitèrent aussi les rigoles de dérivation et le réservoir de Saint Ferréol.
La traversée de Toulouse
Encore une belle vue des nombreux coudes du canal du Midi, avec ces alignements de platanes. Je vous en parlerai aussi des platanes du canal du Midi, qui ont quelques soucis, dans la dernière partie du reportage.
La première navigation inaugurale eut lieu le 15 mai 1681, l'intendant du Languedoc Henri d'Aguesseau était présent, les Mémoires du temps donnent la description des fêtes brillantes qui eurent lieu en cette occasion tout le long du canal. L'enthousiasme fut général.
Une dernière inspection eut lieu en 1684 et sur procès-verbal de M. d'Aguesseau, le conseil d'État décida que les trois grandes entreprises de Riquet étaient achevées, et qu'il avait rempli ses engagements. Des lettres-patentes en déchargèrent ses héritiers.
Pour mener à bien ce gigantesque chantier, truffé d'innovations techniques et réalisé avec l'exigence constante du bel ouvrage, il n'aura fallu que quinze années à Pierre Paul Riquet. Une authentique prouesse qui coûta de 16 à 17 millions, en réunissant les sommes fournies par le roi, la province et l'entrepreneur lui-même. Le marc d'argent était alors de à vingt-six livres. En contrepartie, la famille Riquet reçoit les droits de péage du canal, elle ne commença guère à en retirer quelque avantage qu'en 1724. Les descendants mettront quarante années pour rembourser les créanciers.
Un pont levant sur le canal du Midi
Rien ne fut épargné à Pierre Paul Riquet, en 1804, un général d'Empire, hydrographe et diplomate français, Mr Antoine François Andréossy (1761-1828) a publié un ouvrage intitulé "Histoire du Canal du Languedoc" où il démontre que Riquet n'était pas l'inventeur, qu'il avait usurpé une gloire qui appartenait à un autre. L'autre, n'était autre que son aïeul l'ingénieur cartographe François Andréossy (1633-1688) il était l'adjoint de Pierre Paul Riquet. Il a été à la fois niveleur, dessinateur et cartographe du canal du Midi en secondant Riquet jusqu'à sa mort.
Deux portraits de François Andréossy, né à Paris le 10 juin 1633 et mort à Castelnaudary le 3 juin 1688, il était ingénieur, géomètre et cartographe français, dont la famille est originaire de Lucques en Italie.
En 1660, Andréossy voyage en Italie pour étudier particulièrement les canaux, et les écluses (dont les premiers plans sont attribués à Léonard de Vinci). De cette expérience acquise lors de ce voyage, sera sans nul doute déterminante pour la conception des écluses du canal du Midi (système des écluses multiple), car Andréossy deviendra un spécialiste de génie civil et en particulier d’hydraulique. L'archevêque de Toulouse Charles-François d'Anglure de Bourlemont devenu le président des États de Languedoc à la suite de l'exil de l'archevêque de Narbonne François Fouquet, présenta à Pierre-Paul Riquet, François d’Andréossy qui deviendra son bras droit. L’organisateur des travaux de constructions du canal du Midi avait dès lors son ingénieur, niveleur, dessinateur et cartographe, qui allait travailler au service du canal tout le reste de sa vie, et ses descendants continuèrent tout comme lui, pendant un siècle. Excellent cartographe, il réalisa dans les années 1650, un plan relief de la ville de Narbonne.
L'eau fascine, le fonctionnement d'une écluse est d'une simplicité que cela reste néanmoins magique. Les portes du sas sont équipées de vannes appelées "ventelles".
Contrairement à ce que l'on peut lire parfois, Léonard de Vinci n'a pas inventé l'écluse, mais il a apporté des perfectionnements, comme par exemple un petit volet placé au bas de la porte qui permet de laisser passer un flux d'eau suffisant pour équilibrer la pression sur les deux vantaux et en faciliter ainsi l'ouverture.
Jusqu'à la fin du XIXème siècle, la chute maximale des écluses ne dépasse guère 4 m, car le système de vannes plates ne fonctionne plus sous une pression trop forte.
François Andréossy travailla tout le reste de sa vie au service de la famille Riquet et ses descendants feront de même pendant un siècle. Pourtant, l'affaire de la carte du canal publiée en 1669 par Andréossy à l'insu de Riquet, laisse un doute sur la qualité de la collaboration entre les deux hommes. Cette carte établie par Andréossy avec une Épitre dédicatoire au roi Louis XIV, était contraire au projet de Riquet et non approuvé. Ce tracé du canal fait l'objet d'une protestation et d'un démenti par celui-ci auprès de Colbert. A la suite de cette mésentente, Colbert avait proposé à Riquet de se séparer d'Andréossy, mais Paul Riquet passa l'éponge et continua à lui faire confiance.
Le livre qui remettait en cause la paternité du canal du Midi sera édité deux fois. Les héritiers de Riquet, désirant rétablir la vérité, riposteront en écrivant à leur tour une "Histoire du Canal de Languedoc" en 1805 et l'affaire en restera là.
Je sais que, comme moi, vous aimez les vieux clichés, les photos souvenirs, je vous en avais promis d'autres dans la première partie, les voici ...
Canal du Midi à Agde en 1950
Canal du Midi Béziers statue de Pierre Paul Riquet en 1905
Photo de gauche, Béziers statue de Pierre Paul Riquet en 1905. A droite, une demande pour autoriser la navigation de 2 bateaux à vapeur, datée du 25 octobre 1884
canal du Midi le pont canal sur la Garonne en 1910
Pont de chemin de fer surplombant le canal du Midi en Haute Garonne en 1950
canal du Midi proche de Carcassonne en 2009, une comparaison avec la photo ci-dessus
canal du Midi à Toulouse Bd de la gare en 1907
canal du Midi à Toulouse Bd Bonrepos en 1905 qui deviendra quelques années plus tard le Bd de la gare, voir la photo ci-dessus
canal du Midi la traversée de Toulouse Bd Bonrepos en 1905 même lieu que la photo ci-dessus
canal du Midi à Toulouse gare Matabiau en 1905
un petit comparatif avec la photo ci-dessus, canal du Midi à Toulouse gare Matabiau en 1955
canal du Midi à Toulouse la passerelle Négreneys en 1905
canal du Midi à Toulouse le pont Riquet en 1915
canal du Midi à Toulouse les Ponts Jumeaux en 1910
Pour un comparatif avec la photo ci-dessus voici le canal du Midi à Toulouse les Ponts Jumeaux en novembre 2011, photo prise par mon ami Henri Toustou le Belcairois
en voici une autre d'Henri Toustou prise en novembre 2011 Ponts Jumeaux à Toulouse, ce bas-relief en marbre a été réalisé entre les ponts en 1775 par François Lucas professeur à l'académie royale
canal du Midi à Toulouse port Saint-Étienne en 1905
canal du Midi à Trausse en 1980
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