BELCAIRE capitale du Pays de Sault en Languedoc Roussillon. Au départ j'ai réalisé ce site pour partager les retrouvailles 33 ans après, de 17 copines, dans cette région authentique préservée en territoire cathare au pied des Pyrénées. Mais je me suis aperçu que l'Aude n'était pas assez mise en valeur, alors amoureux de cette région et la passion étant là, j'ai réalisé des reportages pour vous présenter ce département aux lieux chargés d'histoire. Ce site a pour but surtout de vous faire découvrir cette région authentique, plein de charme qu'il faut aller visiter.
Merci à tous pour votre collaboration en me donnant l'autorisation d'utiliser vos photos afin de documenter cet article pour la promotion de cette belle région qu'est l'Aude.
Aujourd'hui je vous propose l'histoire d'un château audois moins connu, mais, qui tenait une place très importante au XIème siècle au Nord de Carcassonne. Cette forteresse est implantée dans une région que l'on nomme le pays Cabardès Lauragais dit également pays de Cocagne, qui se situe au nord ouest du département de l’Aude, à l’ouest du pays Minervois et au nord des Pyrénées Audoises. Situé au sein du pays cathare, Saissac, village de caractère rénove les ruines de son château chargé d’histoire. C'est paraît-il le plus ancien château et un des plus vastes de l'Aude, une analyse au Carbone 14 sur un fragment de charbon de bois, trouvé dans la maçonnerie du donjon a donné la date approximative de 900 pour la construction de cette fortification. Dans ce reportage j'ai essayé de vous donner le maximum d'infos sur ce château, si d'aventure vous avez des compléments à apporter, ainsi que des photos, n'hésitez pas à me contacter, je compléterai volontiers cet article. Avant d'entrer dans le vif du sujet, voici quelques extraits de cartes pour situer les lieux du reportage. Je vous souhaite une bonne découverte :
Saissac se situe au Nord Ouest de Carcassonne à 25 km, Toulouse est à 84 km, Castres 49 km, Béziers 116 km, Narbonne 84 km, Foix 115 km et Belcaire à 104 km.
En venant de Carcassonne, arrêtez-vous à Montolieu le village du "livre", j'ai d'ailleurs fait un reportage en 2010 sur ce village que vous pouvez voir ICI
Un zoom sur la carte vous permet de voir, que vous n'êtes pas très loin du bassin de Lampy au Nord de Saissac et du lac des Cammazes au Nord Ouest, je vous en dirai quelques mots dans le seconde partie du reportage.
Le blason de Saissac
Saissac est situé, comme je vous l'ai dit en introduction, dans le Cabardès, sur le Lampy et la Rougeanne, au Nord Ouest du département de l'Aude, sur les contreforts de la Montagne Noire, à 467 m d'altitude. Le village est situé sur un balcon naturel qui domine la gorge de la Vernassonne et aussi toute la plaine audoise du Lauragais de Carcassonne à Castelnaudary.
Le nom de Saissac apparaît au Xème siècle et provient du gallo-romain Saxiago qui désigne plus un domaine qu'un village. Son histoire est fortement liée à celle du château dont voici l'histoire :
A gauche, l'église Saint-Michel dont une des tours faisant partie des vestiges des fortifications du mur d'enceinte du village de Saissac, sert de clocher. Cette tour, se nomme la tour Laymone.
Sur la droite, en contrebas, les ruines du castrum de Saissac, s'ouvrant sur un panorama magnifique.
Saissac fut légué en 960 par l'évêque de Toulouse à Roger comte de Carcassonne. Au XIème siècle, il fut inféodé à une branche cadette des comtes de Foix qui devait former dès lors le lignage des Saissac.
A la veille de la croisade contre les cathares, le lieu appartient à Bertrand de Saissac.
Au commencement de l'année 1162, le comte de Barcelone avait renoué son alliance avec Raymond de Trencavel et Ermengarde vicomtesse de Narbonne. Notre vicomte accompagne le comte comme son suzerain dans la guerre qu'il soutenait en Provence contre les seigneurs des Beaux.
Le 7 août 1162, Raymond Trencavel de retour dans ses domaines, reçoit dans l'église d'Alzonne, près de Carcassonne, le serment de fidélité pour les châteaux de Verdun et de Saissac diocèse de Carcassonne.
Zoom sur le château de Saissac, photo prise en venant de Castelnaudary par la D103
Le 20 août 1162. Raymond Trencavel reçoit le serment des chevaliers de Montréal pour la ville de Carcassonne et le château de Montréal, diocèse de Carcassonne.
En Novembre 1163. Dans un plaid, Raymond de Trencavel termine de graves démêlés qui s'étaient élevés au sujet des châteaux de Saissac et de Montréal entre les Descafré et les Saissac.
En Août 1189. Roger II Trencavel vicomte de Béziers engage pour vingt-cinq mille sols melgoriens à Bertrand de Saissac les domaines qu'il possédait et qui dépendaient de l'Abbaye de Caunes diocèse de Carcassonne.
Le 17 novembre 1191. Bertrand de Saissac juge comme arbitre un différend entre le vicomte de Béziers et Pierre Olivier de Termes, Raimond son frère et sa sœur Rixovende femme de Guillaume de Minerve, au sujet de la division de la propriété des mines du lieu de Palairac diocèse de Carcassonne et de tout le pays de Termes.
Dans un codicille de l'an 1194, Roger II de Trencavel confirme son testament, dans lequel il établit, ente autre, Bertrand de Saissac comme tuteur de son fils Raymond Roger âgé de 9 ans et son bail pendant cinq ans. Il le charge de régir les domaines de Béziers, d'Agde, de l'Albigeois, du Rouergue, du Toulousain, de Carcassonne, du Lauragais, du Razès et du Pays de Termes. Ce qui vous donne une idée de l'importance du domaine de Bertrand de Saissac, qui devient ainsi un puissant régent. Le 20 mars 1194, le vicomte Roger II de Trencavel mourut trois jours après avoir confirmé ce testament, détenu par Bernard archevêque de Narbonne et Geoffroy évêque de Béziers.
Croyant hérétique notoire, c'est aussi un protecteur des troubadours, il reçoit Pierre Vidal à sa cour. Il est ami et protecteur des bons hommes, il est capable de discuter avec eux de théologie. Saissac avant la croisade accueille en nombre les cathares.
Bertrand de Saissac paraît un homme violent si l'on en juge par ces faits : en 1197, mécontent de l'élection de Bernard de Saint Ferréol comme abbé du monastère d'Alet diocèse de Carcassonne en remplacement de l'abbé Pons Amiel décédé, Bertrand de Saissac l'arracha de son siège à main armée, et le jeta en prison. Il aurait ensuite fait déterrer le cadavre de l'abbé Pons Amiel et l'aurait fait asseoir sur le siège abbatial en attendant que les moines procèdent à une nouvelle élection. Il fit élire un certain Bozon. Quelques années plus tard, en 1222, cet abbé sera condamné par le légat du pape en raison des relations privilégiées avec les hérétiques, et ses partisans seront chassés de l'abbaye.
Le château de Saissac a subi des outrages irrémédiables après la Révolution
L'entrée de la forteresse
L'accès au vestiges du château de Saissac
En vous rendant au château de Saissac vous passez devant l'église Saint-Michel
Les vestiges du château au bout de cette voie passant devant l'église Saint-Michel
Le 17 novembre 1207, une lettre du pape Innocent III qui s'adresse au roi de France, au duc de Bourgogne et aux principaux barons de France, demande qu'ils s'engagent pour extirper l'hérésie du Midi, et leur offre les biens des hérétiques avec toutes les indulgences accordées aux pèlerins de la terre sainte.
Un tragique évènement allait se produire qui accéléra et déchaîna la tempête sur le Midi de la France. Au début de l'année 1208, le comte de Toulouse avait consenti à faire la paix avec plusieurs barons du Languedoc et de la Provence, et quelques uns de ses vassaux qui lui avaient refusé le service féodal. Mais il n'avait pas voulu que ses troupes s'engagent au service des légats pour détruire les albigeois dans ses propres états. Alors Pierre de Castelnau et l'évêque de Conserans l'accusèrent en face de Saint-Gilles (Gard), en présence de toute sa cour de manquer à son serment, d'être rebelle à l'église et des termes plus injurieux.
Le comte de Toulouse réagira en les menaçant et en les chassant de ses domaines. Or le lendemain, le 15 janvier 1208 exactement, Pierre de Castelnau fut assassiné au moment où il allait s'embarquer pour traverser le Rhône. Un écuyer qui voulu se rendre agréable aux yeux du comte de Toulouse frappa par derrière le légat du pape d'un coup d'épieu. Le nom de l'assassin n'a pas été dévoilé, telle est la version consignée dans la bulle du pape innocent III du 10 mars 1208. Le comte de Toulouse fut naturellement soupçonné d'être l'instigateur et le complice de ce crime. L'émotion produite par cet attentat fut immense et la fureur du pape Innocent III ne connut plus de bornes.
Pour info : Pierre de Castelnau a été béatifié comme martyr et fut inhumé dans la crypte de l'église de Saint-Gilles.
Le pan de mur du donjon, vestige de 20 mètres de hauteur domine l'ensemble du castrum
Ainsi en mars 1208 débuta les préparatifs de la croisade contre les albigeois. Autour de Simon de Montfort fraîchement revenu de Terre Sainte, la croisade est menée par de grands barons du Nord comme Eudes III, Hervé IV de Donzy, comte de Nevers, Gaucher III de Châtillon, Arnaud Amaury est désigné par le Pape chef de la Croisade qui est rejointe par le comte Raymond VI de Toulouse. Les croisés décident d'attaquer les vicomtés de Béziers, du Razès, d'Albi et de Carcassonne. La ville de Béziers fut la première à tomber en juillet 1209. Puis ce fut le tour de Carcassonne.
Bertrand de Saissac, l'ancien tuteur de Raymond Roger de Trencavel et son vassal, n'accepte pas Simon de Montfort comme seigneur. Il est considéré comme un hérétique, il abandonne son château en 1209 et devient faydit. Quand à Jourdain le fils de Bertrand de Saissac, il ira se réfugier chez son cousin Pierre de Fenouillet, seigneur de Puilaurens.
L'entrée du site, avec, à gauche, le logis Nord, face à vous, les restes du donjon domine l'ensemble.
L'entrée Nord de la forteresse avec le petit pont de pierre enjambant les fossés. Vous êtes face au mur du donjon.
Sans plus attendre, voici le plan pour situer les vestiges du château de Saissac
Terrasse Nord avec, les vestiges du Logis Nord
Pans de murs Ouest, le long de la rampe d'accès menant à la terrasse centrale
Autre photo du mur Ouest
A gauche, les restes du donjon. Soyez vigilant, des chutes de pierre peuvent se produire, respectez les zones délimitées !
Ce vaste château devait être impressionnant avec ses nombreuses pièces
Un pan de mur du donjon datant du XIIIème siècle, qui a traversé les siècles malgré les outrages du temps.
Descente par la rampe vers la terrasse Sud, au fond la casemate et la tour Sud Ouest
En descendant la rampe, vous débouchez sur la terrasse Sud du château de Saissac
La terrasse Sud dominant la plaine du Lauragais avec les deux tours et la casemate à droite
La terrasse centrale avec à droite le Grand logis
Autre photo de la terrasse Sud avec les deux tours et la casemate à droite
L'angle Sud Est de la terrasse Sud avec sa tour
Zoom sur la tour Sud Est
A gauche, la tour Sud Est vue du pied du rempart. A droite, le rempart Sud Ouest vu de l'extérieur, avec la tour Sud Ouest au fond
De la terrasse Sud en regardant vers le Nord, vous apercevez à droite le Grand Logis Est
La partie centrale du castrum, avec le Grand Logis Est
Les meurtrières ont été adaptées à l'artillerie lors de la période troublée des guerres de religion. A droite, la porte basse de la tour Sud Ouest.
Photo prise de la terrasse centrale, il vrai que l'on a cette impression d'être sur un site qui a été bombardé
Comme beaucoup de châteaux, celui de Saissac tomba dans l'escarcelle de Simon de Montfort qui confia le commandement à Bouchard de Marly et à Gaubert d' Essigny.
Fin 1209, Pierre Roger seigneur de Cabaret qui faisait de la résistance, tendit une embuscade aux deux responsables du château de Saissac. Gaubert d'Essigny fut tué et Bouchard de Marly fut fait prisonnier et jeté dans une tour du château de Cabaret où il resta 16 mois (voir la suite de cet épisode historique, si cela vous intéresse, ICI dans l'histoire des châteaux de Lastours). Plusieurs seigneurs se soulèvent contre Montfort.
A gauche, les vestiges ceinturant la terrasse centrale. A droite, le pied du rempart Est, avec au fond la tour Sud Est.
A gauche, la tour Sud Est. A droite, les contreforts Est soutenant les murs du Grand Logis datant de la Renaissance, remanié au milieu du XVIème siècle par la famille Bernuy
Par beau temps, plein Sud, la vue sur le Lauragais et la chaîne Pyrénéennes au loin est splendide. Adroite, le village de Saissac et les ruines du château en contrebas.
En 1234 le château passera aux mains de Lambert de Thury un autre compagnon de Simon de Montfort.
En 1239, le fils de Raymond Roger de Trencavel Jourdain de Saissac reprendra pour un temps le château de Saissac, avant de devenir une possession de la famille de Lévis, nouveaux seigneurs de Mirepoix.
L'inquisiteur catalan Ferrier ( 1237-1244 ) siègera à Carcassonne et tiendra aussi son tribunal en 1243 dans le château de Saissac. Il menait une répression particulièrement musclée, il a laissé une réputation tenace, il y gagne le surnom de " Marteau des hérétiques ".
Le château de Saissac fait figure de proue de navire, sa situation avancée par rapport au village le laisse paraître
De 1331 à 1412, le château échoit à la famille de l'Isle-Jourdain.
Par la suite le château continuera de passer de mains en mains.
Au XVème siècle, la baronnie est détenue par la famille de Caraman. D'autres propriétaires en 1518, comme les riches Bernuy, marchands de pastel (qui rendent le château plus confortable notamment en introduisant de grandes fenêtres à meneaux Renaissance), la maison de Clermont-Lodève, changent jusqu'en 1565.
Au XVIème siècle, à deux reprises en 1568 et en 1580, il sera assailli par les protestants au cours des guerres de religion. Jamais ils ne parviendront à s'en emparer.
Un siècle plus tard en 1670, le château perd de son importance, le siège de la baronnie, qui donnait entrée aux états du Languedoc, est transféré au village de Pezens.
Devenu marquisat à partir de 1604, la forteresse sera ensuite détenue à partir de 1715 par les Luynes qui ne résidaient pas dans le château, jusqu'en 1789.
Après la Révolution le château de Saissac tombe rapidement en ruines. Le château comme beaucoup à cette époque, servira de carrière de pierres ... A SUIVRE ...
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Ainsi se termine ce premier reportage, en espérant qu'il vous aura intéressé, n'hésitez pas à laisser vos commentaires ... et revenez me voir !
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Eh bien, voilà encore un beau reportage, qui mérite tous mes remerciements aux internautes photographes qui ont bien voulu partager et grâce à leurs clichés, permettent de documenter et de mettre en valeur ce reportage, que je réalise bénévolement pour la promotion d'une belle région : L'AUDE ! L'aventure continue ...qu'on se le dise !!
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