Changer de vie, changer de pays, changer de région, ils l'ont fait comme certainement beaucoup d'autres. Pas facile de se décider quand on manque de repères sur sa future destination, mais qui ne rêve pas d'une meilleure qualité de vie ... Anne et Paul Delobel l'on fait et ils ne regrettent pas, d'avoir un jour, traversé par hasard le Pays de Sault. C'est ce que nous raconte Anne dans ce petit résumé qui retrace leur arrivé dans les Pyrénées, pour y vivre et s'y installer définitivement, laissant derrière eux la Belgique ... A l'automne de leur vie, ils ont trouvé à Belcaire, ce que intuitivement ils désiraient ... Lisez et méditez, Anne raconte, elle laisse parler son cœur en toute simplicité :
Fin juin 2008, nous voilà prêts à traverser la France avec tout notre mobilier pour venir nous installer dans notre nouvelle demeure au pied des Pyrénées Orientales.
Cette décision avait germé dans notre esprit lors de vacances passées du côté du Mont Perdu, dans le parc national d'Ordesa en Espagne.
Il faut dire que mon mari et moi sommes tous deux amoureux de la montagne et les Pyrénées nous ont surtout attirés pour ses paysages grandioses, sa flore et sa faune abondante et surtout pour son air pur et son authenticité.
L'acquisition de notre maison a été conclue assez rapidement. Certes, cela faisait des mois que nous consultions les agences immobilières sur internet. Finalement nous avions sélectionné quelques propriétés qui pourraient nous plaire.
En février 2008 nous avons pris une semaine de “vacances” pour sillonner la région du Languedoc entre Limoux et Quillan.
Cette région je la connaissais un peu, y ayant passé des vacances dans un passé lointain. J'avais un souvenir de sites Cathares, de quelques fameux cols tels que le Pailhère et le Pradel et des rhododendrons en fleurs près des lacs pyrénéens. C'était tout, mais c'était déjà ça.
En fin de semaine, nous n'avions toujours pas trouvé la perle rare. Nous avons vu défiler un tas de maisons en si peu de temps et aucune ne correspondait à ce que nous cherchions.
Ou bien c'était trop délabré, trop cher, trop isolé, pas assez clair, trop grand, trop petit, bien que les promoteurs nous jouaient la carte du “gros potentiel”.
A la fin de notre séjour, nous étions à Quillan par une belle journée ensoleillée de février. Nous avions rendez-vous dans une agence tenue par des compatriotes (plus tard, nous avons pu constater que d'autres Belges avaient fait le même choix que nous. Assurément, il serait intéressant d'approfondir la question pourquoi des étrangers et les Belges en particulier sont attirés par ce territoire aux confins de la France et de l'Espagne. Cela pourrait faire l'objet d'une étude sociologique, ce qui ne relève pas du sujet de cet article).
Donc nous voila montés dans la voiture de notre agent-accompagnateur qui nous emmène à Belcaire, au Pays de Sault. Celui-ci nous précise qu'il s'agit d'un plateau à 1000 mètres d'altitude.
Plutôt sceptiques, nous nous laissons conduire par la route sinueuse bordée de roches et de sapins. Au départ de Quillan les panneaux indiquent la direction “Ax-les-Thermes”, “station de Camurac”, “Puivert”, “Nebias”, “Lavelanet”, “Foix” destinations tout à fait inconnues en dehors de Foix (de la comptine "il était une fois dans la ville de Foix") et Puivert (château cathare et place forte des troubadours). Je me laisse aller à imaginer un monde particulier, mystérieux sur un plateau entouré de sapinières, où les animaux sauvages gambadent en toute liberté et où les habitants (s'il y en a) vivent au rythme des saisons.
J'écoute à moitié les propos de notre chauffeur. Tout ce que je désire, c'est trouver “notre” maison, au calme, pas trop isolée quand-même, avec un jardin, peu de travaux à faire, une vue “ouverte” sur le paysage.
A cet instant-même, je ne pouvais pas savoir que chaque fois que je remettrais mon clignotant en marche pour virer à droite au départ de Quillan direction Ax-les-Thermes et que je m'élancerais vers les hauteurs, il me viendrait la sensation de retourner au paradis.
Après 2 visites de la maison à Belcaire, le marché fût conclu. Nous reviendrions en juin pour signer l'acte chez le notaire et prendre possession de notre nouvelle demeure.
Car la maison avait tout pour nous plaire. Et le village de Belcaire répondait à nos attentes. Il y avait des commerces, un centre médical, une poste, une banque, un lac et de belles promenades à faire.
Donc fin juin 2008, nous voilà montant par le col du Chioula au départ d'Ax-les-Thermes avec tout notre chargement (le camion de déménagement arriverait en fin de journée), plutôt un détour, merci tonton GPS de ne pas reconnaître la route beaucoup plus courte par la forêt de Bélesta.
Fatigués par une nuit de route, nous n'apprécions pas encore le paysage magnifique qui nous entourait.
Une fois installés, la paperasse administrative digérée, les formalités exécutées, nous nous sommes laissé imprégner de tout ce qui nous entourait. Nous avons enfilé nos chaussures de marche et nous sommes parti à l'assaut des monts et vallées de ce pays totalement inconnu.
Nous en avons vite découvert les richesses cachées et nous nous sommes demandé pourquoi ce charmant plateau n'attirait pas plus de monde. Car au cours de nos promenades, nous ne rencontrions âme qui vive. Personne ! Seules les traces de sangliers et de cerfs, et les rapaces haut dans le ciel étaient signes de vie.
Petit à petit je me suis réalisée que les “sites à voir” selon les brochures, se limitaient à la Haute Vallée de l'Aude, Carcassonne, Limoux, et qu'après Quillan il n'y avait plus rien, nothing, nada !
Un plateau oublié, à découvrir “par hasard”.
Mais le hasard ne fait pas toujours bien les choses. Tout à coup il me prit l'envie de secouer quelqu'un ou quelque chose, car sans trop le savoir, je m'étais bel et bien entichée de ce merveilleux pays de nulle part. Le Pays de Sault devait être mis en évidence par je ne sais quelle volonté, de ses habitants, de ses prestataires, de ses élus ...
Durant ces 2 années passées à Belcaire, j'ai pu me rendre compte des atouts de cette belle région, mais aussi de certaines imperfections. Il m'a semblé qu'il existait une certaine appréhension à faire bouger les choses, peut-être parce que les autochtones ne se rendaient pas compte des richesses de leur territoire qu'ils devraient partager avec d'autres, ancrés comme ils le sont dans cette terre de leurs aïeux. Mais c'est partout pareil, on ne voit bien les choses qu'en prenant du recul et en les regardant du ciel.
Non, il ne s'agit pas de bâtir Rome, mais tout de même, un peu plus de bonne volonté et d'entente entre les différentes communes ne seraient pas malvenues pour développer le potentiel touristique que possède ce territoire.
Et que dire de ses habitants ? Tout compte fait, nous étions des étrangers venus du Plat Pays.
Et ici nous sommes dans le Sud, et en plus dans un village de montagne. Et les montagnards... pas faciles à fréquenter, nous avait-on dit.
Un village de 400 habitants ou un peu plus, où le travail de la terre et l'exploitation du bois prédominent n'est pas comparable aux villes de Belgique, bruyantes et au trafic intense, d'où nous venions. Mais c'est justement ce que nous fuyions. Et nous avions bien l'intention de nous adapter.
Dès le début nos voisins nous accueillirent, l'un un peu plus sur ses gardes que l'autre, mais au final avec beaucoup de bienveillance, racontant des blagues sur les Belges, qu'ils avaient entendues ici et là, et avec un sourire en coin quant à notre accent.
Nous avons découvert leurs “apéros”, comprenant vin cuit, muscat, marquisette, whisky (plutôt anglais il me semble ?), leurs marchés gourmands, la ronde des Sapins, les fêtes de village, autant de moments de se retrouver dans la convivialité, tous ensemble. Plutôt différent des coutumes belges, où la bière, les moules et les frites sont à l'honneur, où les rencontres se font plutôt en s'invitant l'un l'autre chez soi et où chaque manifestation sportive se termine au comptoir du café où les discussions vont bon train autour des chopes bien remplies.
Les gens d'ici sont assez sobres, prêts à rendre service en cas de pépin, plutôt sur leur garde, mais une fois la glace brisée, curieux de mieux vous connaître.
Bien souvent, dans une conversation, il suffit de prononcer le mot “champignon” pour qu'un charme s'opère. Les yeux s'illuminent, les langues s'animent et se délectent à énumérer les différentes sortes qu'on trouve dans les bois et les prés environnants : les chanterelles, les cèpes, les morilles, les roses des prés, les rousillous, les pieds de mouton et j'en passe. Tout le monde y met du sien, le maire, l'instituteur, le bûcheron, le menuisier, le peintre, le maçon ... ils sont tous passionnés, envoûtés, friands de champignons.
Mais ne posez pas la question fatale “où les trouvez-vous ?” Chacun garde son endroit favori bien secret. Motus et bouche cousue, on passe à autre chose, par exemple l'influence de la lune sur tout ce qui pousse.
Plantez vos pommes de terre à la lune descendante, et les salades quand la lune monte. Pareil pour la coupe du bois, c'est la lune qui gère tout.
J'avoue que quand on a le privilège de contempler des ciels étoilés comme il y en a ici et que la lune éclaire le pic des Sarrasis en face de chez nous, j'ai la gorge qui se noue et je me dis que ces affinités lunatiques pourraient bien être vraies.
Par contre, lorsque sonne l'heure de la chasse au 15 août, les habitants du plateau ont bel et bien les pieds sur terre. Plus de lune qui vaille, chaque mercredi et le weekend on entend les détonations résonner un peu partout.
D'abord c'est aux sangliers de courir pour sauver leur peau. Ensuite c'est au tour des cerfs, bien que pendant la période du brame (du 15 septembre au 15 octobre) ils ont droit à une trêve pour qu'ils puissent accomplir leur devoir parental et ainsi assurer la continuité de l'espèce.
Le soir au crépuscule ou tôt le matin, à l'aube, un beuglement impressionnant semble sortir du flanc de la montagne. J'essaie en vain d'apercevoir la bête dans la pénombre où elle se terre.
Le weekend des randonneurs chaussés de bottes et armés de jumelle viennent en groupe pour essayer de les voir. Patiemment ils attendent du haut de leur promontoire, et avec un peu de chance, les voila qu'ils sortent des bois.
Entretemps nos vaillants chasseurs ne restent pas les bras ballants. Hormis les cerfs il reste assez de gibier à abattre.
Il nous est souvent arrivé de rencontrer un chien de chasse descendant le sentier, sa petite clochette résonnant dans le vent, l'air effaré et essayant de retrouver son maître. Et le dimanche, aux urgences chez le vétérinaire, tous les 4x4 garés, autant de chiens blessés, je ne peux m'empêcher de les prendre en pitié.
Eh oui, un morceau de biche bien tendre sur son assiette, arrosé d'un bon vin, il est vrai que ça ne se refuse pas. Difficile de prendre parti !
Et puis il y a l'ours ! Animal un peu mythique, sujet de controverses. Au début j'en avais peur. C'est un animal sauvage et non des moindres. Bizarre, c'est la première peluche qu'on donne à bébé. Et le grand méchant loup hante toute notre enfance. Sans doute la pelisse d'un ours est toute douce et l'image de l'animal dévorant un pot de miel ou chouchoutant ses petits est tellement attendrissante. Mais vous n'avez pas vu ses griffes !
J'ai consulté internet pour savoir que faire si je le rencontrais : l'un dit de se jeter par terre et de faire le mort, l'autre dit de faire du bruit et de manifester sa présence, ou bien il faut rester immobile et se taire, surtout ne pas s'enfuir.
Mais au cours de mes randonnées, pas la moindre trace de notre compère. Pourquoi s'embêterait-il de notre présence ? Les fleurs, les fruits poussent ici en abondance et le territoire est assez vaste pour y trouver de quoi manger.
Les deux années vécues ici, dans un tel environnement ont quelque peu ébranlé ma vie intérieure. De nouvelles convictions se sont forgées, mes sentiments vis-à-vis de la nature qui nous entoure se sont intensifiés.
L'ours, animal sauvage gambadant dans les plaines, caché dans les forêts sombres, sans le savoir, sans me connaître, m'a fait prendre conscience d'un sentiment fort qui peu à peu a remplacé la crainte.
C'est que nous sommes tous des maillons de la chaîne, la colonne vertébrale qui soutient notre planète Terre.
Nous avons beaucoup de chance de vivre sur un territoire où ces maillons sont intacts, non saturés par les artifices de notre société, où l'air est pur et les produits du terroir.
Des fois le soir, quand je referme le portail, mon regard parcoure l'avenue d'Ax-les-Thermes qui se perd dans le lointain, bordée de frênes dressant leurs silhouettes vers le ciel, comme les gardiens d'une terre privilégiée, et je me dis que j'ai fait le bon choix en venant y vivre.
Anne Delobel - Smet
La magie de l'aurore et son cortège de couleurs sur le pic des Sarrasis près de Belcaire, paysage que Anne contemple tous les jours
Belcaire vu du lac
Paul (le mari d'Anne) m'a fait ce cadeau, il m'a envoyé une bonne vingtaine de photos prises lors de ses randonnées, début décembre 2012, premières neiges !
J'avais envie de partager avec vous ce cadeau, merci Paul.
A gauche, l'église de Belcaire avec son clocher crénelé et le pic des Sarrasis, mystérieux !
La Coume de Ferrières vu du lac de Belcaire
Petit pont du lac de Belcaire
Quelques chalets surplombant le lac de Belcaire
Le lac de Belcaire début décembre 2012
Le côté ouest du lac de Belcaire
L'eau commence à geler sur le lac, l'hiver est précoce cette année
Cliché du lac de Belcaire en venant de la Coume de Ferrières
Très beau jeu de lumière sur le lac en partie gelé en ce début d'après midi de décembre 2012
La petite rue de l'église montant vers le point culminant du village de Belcaire
Le Ribayrol et le Picou à gauche, une verrue venue narguer le pic des Sarrasis
J'adore cette photo, elle est superbe, Belcaire sous la neige, vu du chemin de randonnée menant à Roquefeuil
Le sentier menant de Roquefeuil à Belcaire passant au pied du pic des Sarrasis
Une vue vers l'Est en direction de Quillan avec le Picou d'Argues au fond
Belcaire au fond, paysage silencieux
Très peu de traces, neige inviolée, l'accès du chemin de randonnée montant au sommet du pic des Sarrasis
On commence à apercevoir l'église du paisible village de Roquefeuil
En contre bas du chemin le village de Roquefeuil apparaît
Le sentier de randonnée menant de Belcaire à Roquefeuil
Nouvel amour
Coup de foudre
Dès mon arrivée, tu m’as séduit .
En dévoilant tous tes atouts,
Tu m’as convaincu
Et conforté dans ma recherche :
C’est ici que je veux dresser ma tente !
Moi, l’étranger venu du plat pays
Chez toi, pays coloré de panoramas, défilés et sommets…
Petit paradis, isolé et mystique
Au corso fleuri d’orchidées et de colchiques
Pays d’air frais, de soleil, de neige et de vent,
De boules de foin et de rapaces
Pays du bout du monde, invitant mais secret
Pays de gens qui vous accueillent
Calmes, mais parfois méfiants,
Hommes marqués par l’histoire, le temps et la nature
Chasseurs, cueilleurs de champignons,
Plaisantant dans les fêtes locales
Riches de leur passé
Mais soucieux de l’avenir
Pays d’antan,
Pays en devenir
Pays à découvrir
Embrasse-moi
Anne Delobel-Smet
Je remercie Anne pour m'avoir adressé son récit et Paul son époux pour les magnifiques photos enneigées.
Je profite aussi de cette occasion, pour saluer tous les ami(e)s belges qui se sont installés dans la région, qui partagent et la font vivre.
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Ainsi se termine ce reportage, en espérant qu'il vous aura intéressé, n'hésitez pas à laisser vos commentaires ... et revenez me voir !
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