Le pont franchissant l'Ariège et reliant Ornolac-Ussat-les-Bains à la N20
Les thermes d'Ornolac-Ussat-les-Bains
L'hôtel Napoléon à Ornolac-Ussat-les-Bains près des thermes, en bordure du parc et de l'Ariège
Ornolac-Ussat-les-Bains est une station thermale qui connut un âge d'or du temps de Louis Bonaparte, roi de Hollande et frère de Napoléon 1er, le poète Lamartine, le peintre Descamps ainsi que Madame Lafarge, née Marie Capelle, tous venaient prendre les eaux.
Madame Lafarge, l'affaire "Lafarge" comme on disait à l'époque, défraya la chronique en 1840 elle restera pour l'opinion publique une des plus grandes énigmes judiciaires, à l'image de "l'affaire Dreyfus".
La célèbre empoisonneuse du XIX ème siècle passa en effet ses derniers jours à Ussat-les-Bains, y mourut le 7 septembre 1852 et fut inhumée au cimetière d'Ornolac où elle repose toujours. Je vous raconterai les faits de cette affaire à la fin du reportage.
Son tombeau fut un véritable lieu de pèlerinage sous le second empire.
La poste d'Ornolac-Ussat-les-Bains
Les montagnes le Pic de l'Auriol avec ses 988 m et le Pic de la Balme avec ses 1416 m dominant Ornolac-Ussat-les-Bains et la vallée de l'Ariège en bas
Le barry d'en haut à Ornolac-Ussat-les-Bains vu du Clot de la Carbonnière 919 m, en face vous avez la direction du Lujat et à droite la vallée de l'Ariège
Le barry d'en haut à Ornolac-Ussat-les-Bains vu du chemin de randonnée menant au Lujat, avec en face le Clot de la Carbonnière
L'église d'Ornolac-Ussat-les-Bains, de face et l'arrière côté cimetière
L'église d'Ornolac-Ussat-les-Bains avec son magnifique clocher roman, en 1905 les murs étaient crépis de ciment gris (voir les vieilles photos ci-après) elle est plus jolie comme cela.
L'église d'Ornolac-Ussat-les-Bains
La ruelle en impasse conduisant au chemin de randonnée au Lujat à Ornolac-Ussat-les-Bains
Le lavoir du barry d'en haut Ornolac-Ussat-les-Bains en cours de rénovation près de la maison des chasseurs, très bonne initiative, ce lavoir va retrouver tout son cachet et son charme
Le Teste de Cuing qui culmine à 1386 mètres, vu du barry d'en haut Ornolac-Ussat-les-Bains
L'estive de Lujat à Ornolac-Ussat-les-Bains avec les vaches Gasconne de Philippe, je vous ferai un reportage prochainement spécial Rando de ce secteur avec le plan de l'itinéraire.
En attendant, voici quelques photos de la cabane de mon ami berger, Philippe Chaix à Lujat.
La cabane de berger de Lujat à Ornolac-Ussat-les-Bains
L'intérieur de la cabane de berger de Lujat à Ornolac-Ussat-les-Bains, et les vaches Gasconne de Philippe
Mon ami Philippe (une figure à Ornolac) en train de faire une démonstration, il est filmé par un journaliste sur la façon de faire le pain de berger Ariègeois
Voici Philippe faisant cuir le pain de berger au feu de bois, une fois cuit à point, il suffit de le retirer du bâton, simple et efficace !
Je suis sûr que vous voulez la recette de cette pâte à pain de berger !
Julie adore la montagne et les randonnées, c'est devenue une véritable chienne des pyrénées, et je vous prie de croire que cela monte sec !
Au XVII ème siècle, sous l'impulsion du baron d'Ornolac Louis de Fraxine, les Eaux d'Ussat établirent leur renommée. Le baron d'Ornolac propriétaire jusqu'en 1787, en fit don aux Hospices de Pamiers qui la géra jusqu'en 1982, lors de cette cession il y avait une clause obligeant cet établissement à héberger et soigner pendant 3 mois chaque année seize pauvres auxquels il fournira gratuitement les bains et remèdes nécessaires. La station thermale, tombée en sommeil, sera vendue à des investisseurs privés (société Prodéco) le 23 février 1981, au cours d'une vente à la bougie, dans une salle de l'hôpital de Pamiers : pour 2 millions de francs (300 000 euros). En 1996, un forage réalisé à 1100 mètres de profondeur par la Communauté de Communes, a permis d'améliorer l'approvisionnement en eau. Celle-ci surgit à une température de 57°C. Ces eaux sont sulfatées, oligométalliques, magnésiennes et calciques. Elle a retrouvé, aujourd'hui, toute sa vitalité. Cette station bénéficie d'un climat ensoleillé et particulièrement propice au repos, à une altitude de 485 mètres.
Les thermes à Ornolac-Ussat-les-Bains vu du parc bordant l'Ariège
Les eaux d'Ussat, riches en précieux éléments minéraux, on leur prête des vertus cicatrisantes, sédatives et antispasmodiques, elles agissent sur les troubles psychosomatiques comme le stress, l'anxiété, les insomnies, les migraines, les problèmes de thyroïde, la spasmophilie mais soignent également les affections neurologiques et les troubles gynécologiques liés à la ménopause. Les thermes proposent aussi un programme de remise en forme que vous pouvez suivre dans un objectif de prévention ou tout simplement "pour le plaisir". Si vous souhaitez seulement vous ressourcer le temps d'un après-midi ou plus, vous apprécierez les prestations proposées par les Thermes de remise en forme physique, sans prescription médicale, de 16h à 20h et du lundi au samedi : bains bouillonnants, douches au jet, modelages aux huiles essentielles, aquagym, sophrologie, relaxation ... Nous l'avons testé pour vous, nous vous le recommandons, s'adresser au Domaine Thermal d’Ussat-les-Bains, avenue des Thermes 09400 USSAT-LES-BAINS Tél. 05.61.02.20.20
La grotte de Lombrives, vous ne pouvez pas la rater, c'est très bien indiqué sur la N20
Sur le territoire de la commune d'Ornolac-Ussat-les-Bains se trouve la grotte de Lombrives cathédrale souterraine de 100 mètres de haut qu'ornent de belles concrétions, elle domine le village, c'est une des attractions des curistes. Que vous vous intéressiez à la préhistoire, l'histoire, la géologie, la minéralogie, l'étrange lié aux mondes souterrains ou que vous soyez amateur de beauté, Lombrives est un cadre grandiose, unique qu'il vous faut voir. Plusieurs salles ont un volume immense. La salle de la cathédrale, à 250 mètresde l'entrée, est grande comme Notre-Dame de Paris ; la salle de l'Empire de Satan, à 4 kmde l'entrée est 3 à 4 fois plus grande.
Panneau explicatif à l'entrée de la grotte
Cette grotte est classée comme la plus vaste grotte européenne ouverte au tourisme. Cette caverne a été aménagée en 1927 sur 5 km de profondeur par l'ingénieur Perpère. En fait, cette caverne fait partie d'un immense réseau souterrain reliant Niaux et qui compte plus d'une centaine d'entrées. On ne compte pas moins de 7 niveaux. Les premières fouilles à l'intérieur de la caverne eurent lieu en 1822, à l'initiative d'Adolphe Garrigou et de l'archiviste départemental Rambaud. Les deux hommes mirent au jour des crânes et divers ossements disposés en cercle autour d'une impressionnante concrétion stalagmitique, dite "Le Mammouth", sur un arc d'une centaine de mètres. Ce gisement laisse supposer un culte religieux, d'autant que les ossements étaient entourés d'objets de bronze, d'ambre et de fer. Des campagnes de prospections eurent lieu par la suite jusqu'à la fin du XIX ème siècle (1862-1878). Plus tard Antonin Gadal (1877-1940 instituteur, écrivain érudit et chercheur passionné d'ésotérisme) eut la responsabilité de Lombrives dont il améliora la voie d'accès.
L'entrée de la grotte de Lombrives
L'entrée de la grotte de Lombrives vue du porche intérieur
Une des salles de la grotte de Lombrives
Magnifique concrétion de la grotte de Lombrives
La grotte fut de tout temps un abri, un refuge pour les hommes ... graffitis et inscriptions nous le racontent !
Des premiers habitants de l'Ariège aux brigands, cathares, proscrits politiques ou francs-maçons, tous s'y trouvèrent en sécurité ! Comme eux, le visiteur ne peut que s'émerveiller devant le travail titanesque du temps dans ces lieux préservés.
La grotte a servi de refuge pendant des siècles : l'homme préhistorique du Néolithique, des brigands, des ermites, des lépreux, de simples bergers ainsi que des faux monnayeurs s'y sont abrités. La grotte aurait servi de refuge à l'évêque cathare Amiel Aicard après la chute du château de Montségur en 1244. Elle abrita des prêtres et des nobles pendant la Révolution française puis des Républicains pendant le Premier Empire. Une inscription, indiquée comme la plus ancienne (la date de 1578 est supposée) fait mention du roi Henry IV alors roi de Navarre.
Des légendes entourent la grotte de Lombrives. L'une d'elle se rapporte à Pyrène, dont on peut admirer la tombe mythique formée d'une stalagmite géante. Henry IV visita Lombrives vers 1578, on prétendait qu'il voulait s'y rendre car il connaissait la légende de Pyrène * et qu'il aurait voulu en vérifier l'exactitude. La tradition, inventée par Napoléon Peyrat (1809-1881), veut également que des cathares aient été enterrés vivants dans la grotte et que le bon roi Henry IV en aurait fait extraire les ossements pour leur donner une sépulture digne.
Concrétion et une jeune stalagmite en formation de la grotte de Lombrives
Plus de 30 visites différentes, sont organisées sur 3 circuits distincts dans des salles grandioses. Afin de faciliter l’accès, un petit train sur route panoramique conduit le visiteur à 130m du porche d’entrée. Les visites guidées et commentées d’une durée comprise entre 1h30mn et 7h sont un véritable spectacle visuel. Ces visites permettent, soit une synthèse sur "la vie de la roche, de l’eau des animaux et des hommes" dans LOMBRIVES, soit d’approfondir un thème (géologie, histoire, préhistoire, symbolique des parois, etc...).
En plus de cette caverne, la commune détient un important patrimoine souterrain avec les grottes de Sainte-Eulalie, de Bétléhem (ou de l'Hort), du Grand-Père, de Lhermite, des Églises, de Fontanet (découverte en 1972) et de Ramploques. Toutes ces grottes ont accueilli des habitants depuis les âges préhistoriques.
Ornolac-Ussat-les-Bains continue d'attirer des amateurs d'ésotérisme, dont de nombreux adeptes de l'ordre des Rose-Croix. Ces derniers considèrent en effet le Sabarthès** comme une terre sacrée, ultime refuge des cathares après la prise du château de Montségur.
Le syndicat d'initiative d'Ornolac-Ussat-les-Bains fut d'ailleurs créé par un curieux personnage cité plus haut, Antonin Gadal (1877-1940), dont le souvenir est toujours présent.
* Pyrène : selon une très ancienne légende, c'est une jeune femme, Pyrène, fille du souverain Bébryx de Cerdagne qui aurait donné son nom aux Pyrénées. Tombée amoureuse d'Hercule qu'il la séduite lors de son passage en Cerdagne, elle voulu le rejoindre mais fut dévorée par des bêtes sauvages. A son retour, Hercule apprit la triste nouvelle, pris de remords, il entassa sur la tombe de Pyrène des blocs tellement gigantesques qu'ils devinrent les Pyrénées.
** Sabarthès : région naturelle qui se confond avec le Pays de Foix et la haute vallée de l'Ariège. Pendant la croisade contre les Albigeois Simon de Montfort ne s'aventura pas dans les vallées du Sabarthès ; il tenta seulement le siège du château de Foix. Et la vallée de l'Ariège fut l'ultime refuge des cathares, que l'Inquisition pourchassa jusqu'au début du XIV ème siècle. Je reparlerai du château de Foix si cela vous intéresse dans un prochain reportage car il a été le témoin de faits majeurs intéressants.
Avant de vous raconter l'affaire Lafarge et comme à mon habitude, j'aimerai partager avec vous de très vieilles photos d'Ornolac-Ussat-les-Bains, j'espère qu'elles vous plairont :
La vallée de l'Ariège et Ornolac-Ussat-les-Bains en 1905 (vu en direction Nord)
La vallée de l'Ariège et Ornolac-Ussat-les-Bains en 1950 soit 45 ans après la photo précédente
L'Ariège encombré de rochers et le pont en bois à l'époque reliant la N20 à Ornolac-Ussat-les-Bains en 1905
L'Ariège ouverture de la pêche à la truite, le pont en bois à l'époque reliant la N20 à Ornolac-Ussat-les-Bains en 1905
La vallée de l'Ariège et Ornolac-Ussat-les-Bains en 1905 (vu en direction Sud vers Ax-les-Thermes)
Ornolac-Ussat-les-Bains en 1905 Le kiosque dans le parc face aux thermes, pour information le socle du kiosque existe toujours en 2010
Ornolac-Ussat-les-Bains le barry d'en haut en 1910 avec le Teste de Cuing qui culmine à 1386 mètres
A gauche l'église d'Ornolac-Ussat-les-Bains (au barry d'en haut) en 1905. A droite, une photo que je trouve belle, le même lieu avec le curé accompagné d'enfants dans les années 1945-50
Ornolac-Ussat-les-Bains au barry d'en haut en 1910, bonne-soeur contemplant l'église en contre-bas
Ornolac-Ussat-les-Bains au barry d'en haut, l'arrière de l'église en 1950, très belle photo !
L'avenue d'Ornolac-Ussat-les-Bains en 1905 vers les thermes
Le kiosque du parc à gauche et le Grand hôtel du parc en face à Ornolac-Ussat-les-Bains en 1900, c'est la rue qui vient du pont franchissant l'Ariège, les platanes sont aujourd'hui énormes
Ornolac-Ussat-les-Bains en 1900 l'entrée du parc des thermes, le même endroit que la photo précédente
L'AFFAIRE LAFARGE
Revenons sur l'affaire Lafarge qui défraya la chronique en 1840.
Sachez que "L'affaire Lafarge" est la deuxième affaire la plus étudiée en Histoire, par le nombre de mémoire et d'articles portant sur ce sujet, après "l'affaire Dreyfus". Que madame Lafarge ait été une criminelle ou une martyre, il n'en reste pas moins certain que le drame dont elle a été l'héroïne est un de ceux des plus poignants, des plus mystérieux et aussi le plus humain vécu à cette époque.
Voici un résumé de cette histoire criminelle :
Marie Capelle née le 15 janvier 1816, elle se retrouva rapidement orpheline de son père colonel d'artillerie de la garde impériale, celui-ci étant tué dans un accident de chasse. Elle est élevée par ses tantes, qui lui donnent une éducation digne de son rang social : elle lit rapidement Lamartine et George Sand.
Marie Capelle descendrait par sa grand-mère de Louis XIII et de Louis XIV. Certains estiment en effet que sa grand-mère fut le fruit d'une liaison entre Félicité de Genlis et Philippe Égalité, duc d’Orléans. Cette ascendance allait avoir un impact considérable lors de son procès, tenu sous la Monarchie de Juillet et le règne de Louis-Philippe d'Orléans. La presse, que le pouvoir avait muselée par les fameuses lois de septembre 1835, allait s’empresser de dénoncer cette "bâtarde Orléaniste devenue empoisonneuse", et cela aurait bien pu faire vaciller le trône à l'époque.
Portrait de Marie Capelle veuve Lafarge
Le baron Garat, gouverneur de la banque de France, marie sa nièce le 11 août 1839, en l'église Notre-Dame à Paris, Marie Fortunée Capelle sans profession, 23 ans, à Charles Pouch-Lafarge 28 ans veuf, maître de forges au Glandier, et maire de la commune de Beyssac en Corrèze (près de Tulle) ; accablé par des difficultés financières, il sait qu’en l'épousant, il reçoit une dot de 80 000 francs or qui lui permet d’éviter la faillite. Toujours présenté comme un "brave homme, un peu bourru", Charles Lafarge aurait été un personnage vil et corrompu, rongé par la violence et sujet à des crises d’épilepsie.
Emma Pontier, cousine germaine de Charles Pouch-Lafarge, rapportera lors du procès, que sa situation financière était connue de tout le pays : "Il devait essayer un nouvel emprunt, trouver un mariage d’argent à faire ou ne plus revenir".
Ce mariage se révéla vite calamiteux pour plusieurs raisons. La fortune de Charles Lafarge n'existe pas : celui-ci avait promis à Marie Capelle une vie de notable. Quand Marie arrive au Glandier, le changement est radical entre sa vie au château de Busagny et Beyssac. En effet, Charles Lafarge a fait miroiter à sa fiancée qu’il était propriétaire du château de Pompadour en Corrèze, mais lorsque le couple arrive au Glandier, Marie découvre un ancien monastère infesté de rats et prétendument hanté.
Le Glandier est un ancien monastère fondé en 1219, suite à une donation d’Archambaud VI de Comborn, en expiation d’un crime ; il a été soutenu au cours des siècles par de nombreux bienfaiteurs ; abandonné et saccagé à la Révolution, il est acquis en 1817 par la famille Lafarge, qui implante en aval une forge industrielle en 1834.
Les Chartreux rachèteront la propriété aux Lafarge en 1860 et rebâtiront le monastère, qui abrite aujourd’hui un centre de soins.
La situation après avoir digéré la surprise s'envenime, sa belle-famille ne lui témoignera aucune affection, la mère de Charles Lafarge ne s'entend pas avec sa belle fille et le comportement de Charles Lafarge, jugé peu adepte des manières, s'accorde mal avec celui de sa femme, issue d'une famille de la haute bourgeoisie parisienne, voire noblesse car elle une bâtarde royale et de ce fait la nièce du roi, Louis-Philippe.
Alors que Charles est en déplacement à Paris, désespérée, Marie adresse une lettre à son époux, où elle lui propose de partir en lui laissant sa dot ; devant le refus de son époux, elle fait contre mauvaise fortune bon cœur et prend la maison en main tandis que Charles Lafarge cherche de l’argent par monts et par vaux.
La bâtisse étant infestée par les rats, Marie décide de les empoisonner avec de l’arsenic. C’est un des domestiques des Lafarge, Denis Barbier petit escroc parisien rencontré à Paris par Charles Lafarge, qui se procure le produit à la demande de celui-ci, d’abord à la pharmacie Eyssartier à Uzerche. Barbier est un homme-clé dans ce fait divers : c’est lui qui propagera la thèse de l’empoisonnement.
Charles se rend souvent à Paris, séjourne à l'hôtel de l'Univers situé au n°79 rue Sainte-Anne, il vient d’obtenir un brevet qui lui permet de diminuer les frais de chauffage dans la fabrication du fer. Il revient en Corrèze. Il repart pour affaire le 20 novembre. Le 14 décembre 1839, Marie expédie à son époux qui est à Paris, deux gâteaux qu’elle a fait confectionner par la cuisinière du Glandier. Les pâtisseries, faites avec du lait non pasteurisé, voyage en diligence entre la Corrèze et Paris, elles ne seront mangées que 4 jours après leur confection.
Le 18 décembre 1839, Charles Lafarge tombe gravement malade il souffre de brûlures d'estomac et de vomissements ; revenu à Beyssac le 4 janvier il s'alite et il décède quelques jours plus tard, le 14 janvier 1840 à six heures du matin, il avait 28 ans. Très vite, l'ambiance entre les habitants de la maison est lourde de suspicion. Sa mère fait alors courir le bruit que Charles a été empoisonné par Marie, et prévient le procureur du Roi.
Le 15 janvier 1840, la police perquisitionne et découvre de l’arsenic partout : sur les meubles, les aliments, de la cave au grenier…
Par ailleurs, sur les quinze analyses toxicologiques effectuées sur le corps de Charles Lafarge, les médecins de l’époque ne démontreront qu’une seule fois la présence "d’une trace minime d’arsenic".
La justice est saisie et une première autopsie datant du 16 janvier annonce la présence d'arsenic dans le corps de Charles Lafarge. Le 22 janvier 1840 à 9 heures du matin, Marie est arrêtée par les brigadiers gendarmes Magne et Déon, le 25 janvier 1840, Marie Capelle qui a 24 ans est conduite à la prison de Brive, le 2 mai elle comparaît devant le tribunal Correctionnel, pour une affaire de vol de diamants chez Mme de Léautaud, affaire antérieure à son mariage à laquelle elle aurait été mêlée (en réalité cela cachait une histoire d'adultère chez les Léautaud qu'il ne fallait surtout pas ébruiter). Elle est condamnée pour cette affaire à deux ans d'emprisonnement le 15 juillet 1840. Elle est ensuite déférée devant la Cour d'assises de Tulle le 2 septembre 1840, pour la première audience du procès d'empoisonnement qui aura lieu le 3 septembre. Le procès débute et, au fil des audiences, la foule est de plus en plus nombreuse et les badauds se bousculent dans la salle des Pas-Perdus pour y assister. Des dizaines de témoins vont se succéder à la barre. Elle est défendue par quatre avocats, Maîtres Paillet, Lachaud , Desmont et Bac.
Le 7 septembre le corps de son mari est exhumé pour une contre expertise, et les experts trouvent des traces d'arsenic.
Malgré les analyses négatives effectuées par des chimistes de Tulle et de Limoges, démontrant l’absence de traces arsenicales, le ministère public persiste et demande une nouvelle autopsie du corps de Charles Lafarge.
Mathieu Orfila, doyen de la faculté de médecine de Paris, inventeur de la toxicologie et de l’appareil de Marsh qui détecte les traces d’arsenic, prince officiel de la science et royaliste convaincu proche du pouvoir orléaniste, est dépêché de Paris : à la surprise générale il décèle par des manipulations, considérées aujourd’hui comme étant douteuses, une quantité minime d’arsenic dans le corps du défunt.
Aussitôt fait, il repart à Paris en emmenant dans ses bagages les réactifs utilisés pour la contre-expertise.
La présence de l’arsenic dans le corps de Lafarge est donc le fil rouge du procès.
Maître Théodore Bac l’a bien compris et tente le tout pour le tout : il demande à Raspail, brillant chimiste à Paris, de mettre sa pierre à l’édifice dans le système de défense.
Raspail mettra trente-six heures pour arriver à Tulle mais arrivera quatre heures après que le jury se sera prononcé. Il est trop tard pour démontrer une présence dite "naturelle" de l’arsenic dans tous les corps humains. L’arsenic confiné dans les os des individus est une réalité.
Il aura néanmoins cette phrase : "On a trouvé de l’arsenic dans le corps de Lafarge ? Mais on en trouverait partout, même dans le fauteuil du président !".
Entre une belle-mère machiavélique, voulant à tout prix préserver le patrimoine de la famille, et un avocat général borné, l’étau se resserre progressivement sur Marie.
La plaidoirie de Maître Paillet dure sept heures et le verdict tombe après les nombreuses batailles entre experts et contre-experts et sans d’ailleurs que l’auditoire ait été convaincu par l’accusation.
Le 9 septembre 1840 elle est jugée coupable et elle est condamnée aux travaux forcés à perpétuité et à une peine d'exposition d'une heure sur la place publique de Tulle.
Elle est envoyée au bagne de Toulon, mais son état de santé se dégrade rapidement, Louis-Philippe 1er va commuer sa peine en détention criminelle à perpétuité.
Le 11 novembre 1841, elle est transférée à la prison de Montpellier. Son état de santé se dégrada encore, le 22 février 1851 elle est transportée à la maison de santé de Saint Rémy.
Elle sera graciée par Louis Napoléon III et sortira de prison le 1er juin 1852, rongée par la tuberculose. Elle se retirera dans le petit village d'Ornolac-Ussat-les-Bains où elle décédera trois mois plus tard le 7 septembre 1852, elle avait 36 ans, et sera enterrée dans le petit cimetière d'Ornolac situé derrière l'église.
L'arrière de l'église d'Ornolac Ussat les Bains avec son petit cimetière à gauche
La tombe de Marie Capelle dans le petit cimetière d'Ornolac Ussat les Bains
Durant toute la durée de son emprisonnement, elle écrivit un journal intime d'une grande qualité littéraire, publié sous le titre "Heures de prison" (éditions Librairie nouvelle). Si cela vous intéresse je possède l'ouvrage numérisé datant de 1854 en format PDF (9,4Mo), pour l'obtenir il suffit de m'envoyer un email.
A l'époque, la piste de l'intoxication alimentaire n'a pas été abordée. Charles Lafarge s'est senti mal après l'absorption d'un chou à la crème envoyé par son épouse. D'où l'accusation d'empoisonnement. Mais Charles Lafarge a pu tout simplement décéder à cause du gâteau, fait avec de la crème et du beurre, non pasteurisé cela va de soi, et qui avait en outre voyagé trois jours. Une enquête, menée en 1978, aurait démontré que Charles Lafarge serait en réalité mort de la fièvre typhoïde, dont le bacille était, à l’époque, mal identifié.
Cette affaire sera particulièrement suivie par des milliers de lecteurs de grands journaux parisiens et dans la France entière. De nombreuses publications accompagneront le procès et les années de prison de Marie Lafarge.
Un coup monté, une erreur judiciaire, un crime parfait … "L’affaire Lafarge" restera pour l’opinion publique une des plus grandes énigmes judiciaires, à l’image de "l’affaire Dreyfus".
Écrivains, journalistes, juristes s’intéressent encore aujourd’hui à cette mort suspecte. En 1937, "L’affaire Lafarge" a même été adaptée au cinéma par le réalisateur Pierre Chenal…
L'avancée de la science a tout de même permis à Marie Fortunée Capelle, veuve Lafarge d'être réhabilitée par l'académie de médecine de Paris.
Une petite dernière photo pour une dédicace à mon ami Philippe Chaix, berger à Ornolac, qui aime sa région et ses montagnes, ensemble nous aurons l'occasion de parler de son métier dans un prochain reportage, ... j'ai du pain sur la planche comme on dit !
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