Château de Miglos, je suis sûr que cette consonance vous fait penser à la Grèce. Et bien non ! Vous êtes en Ariège dans la vallée de Vicdessos au sud de la ville de Foix et à l'Ouest de Tarascon sur Ariège.
La quête et la découverte de châteaux dit "Cathares" se poursuit. Je vais vous présenter dans les reportages qui vont suivre, deux châteaux moins connus par rapport à Montségur, Quéribus, etc …, mais qui ont occupé une place importante dans la surveillance et la défense, au moyen-âge, de la frontière pyrénéenne. Je vais essayé d'être le plus complet possible en informations et toujours avec de nombreuses photos grand format, et non pas des petites vignettes où l'on ne distingue rien !
LE CHATEAU FÉODAL DE MIGLOS SENTINELLE DE LA VALLÉE DE VICDESSOS
L'histoire ne se refait pas, elle se vit !
C'est l'occasion pour vous visiteurs de découvrir ou redécouvrir votre patrimoine et leur passé, je vous offre une plongée dans les siècles derniers.
Amoureux d'histoire et béotiens, ces reportages sont l'occasion de remonter le temps, de se pencher sur notre passé, entre petite et grande histoire, sur des lieux empreints de symboles.
Les Pyrénées offrent à chaque pas des sites pittoresques et sauvages d'une variété étonnante, rappelant assez le merveilleux pays d'Écosse, les Highlands chantés par le célèbre romancier Walter Scott. La vallée du Vicdessos est incontestablement la plus remarquable, la plus pittoresque des vallées ariègeoises. Dominée par la masse imposante du Montcalm, au sommet éternellement neigeux, elle offre de tous côtés des villages, des ruines pleines de souvenirs historiques qui émergent des pentes boisées ou se dressent fièrement sur des sommets presque inaccessibles.
Comme je dis toujours, une carte pour bien situer le sujet, est apprécié par le lecteur
Zoom sur le secteur, afin de bien repérer les petits villages qui sont cités dans le texte et qui font aussi parties de l'histoire de la baronnie de Miglos
A mi-chemin environ de Tarascon-sur-Ariège à Vicdessos, dans le petit village de Capoulet, où s'élevait jadis une maison des hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, on trouve, à gauche, une route étroite, conduisant au village d'Arquizat et dans la vallée de Miglos. Personne ne se douterait que derrière ce rocher abrupt de 750 mètres de haut, d'où le château de Miglos commande toute la gorge du Vicdessos, s'ouvre un frais et gracieux vallon, semé de fermes et de hameaux, et qui constituait au moyen-âge une des plus importantes seigneuries du haut comté de Foix.
Ce dessin de blason de Miglos publié dans l'ouvrage intitulé "la Baronnie de Miglos" publié par C. Barrière-Flavy en 1894, est erroné, cela ne correspond pas aux figures et règles héraldiques décrites.
Dessin et reproduction de l'armoirie de Miglos par Daniel Juric d'après le croquis ci-dessus qui est erroné.
Blason de César de Miglos seigneur de Rougayran (Ariège)
tiré de l'Armorial Général de France par Charles d'Hozier 1696.
Les véritables armoiries originales de la baronnie de Miglos sont celles-ci :
Armoiries de la famille des DE MIGLOS « Écartelé, - au premier et quatrième, de gueules au lion d’or ; au deuxième d’argent au château de trois tours de sinople maçonné de sable ;
au troisième d’azur à la croix d’or ».
Voici un autre blason tiré de armorial général de France par Charles d'Hozier 1696. De quelle demoiselle s'agit-il désignée par "l'ainée" ? Marguerite de Béon ? Marguerite ou Miramonde de Goth ?
La forteresse de Miglos telle que vous pouvez la voir, en arrivant par la petite route sur le site
Zoom sur les ruines du château de Miglos
A gauche, le côté inaccessible Nord / Ouest des ruines du château de Miglos, à droite un cliché pris du Nord / Est (photo d'Eric R.)
L'appellation de Miglos ou Miklos, dans la langue vulgaire, ne s'applique pas à un lieu déterminé mais à tout le territoire s'étendant de la vallée de Vicdessos jusqu'à l'Andorre et limité à l'Est et à l'Ouest par les montagnes de Château-verdun et le val de Siguier. L'étendue du territoire actuel de Miglos correspond à peu près exactement à celle de l'ancienne baronnie.
Miglos est le nom d'une vallée. Il faut savoir qu'aucun des villages de cette vallée ne s'appelle Miglos. Cinq villages sont regroupés dans la vallée et se répartissent ce territoire : Arquizat le village principal où se trouvent la mairie et l'église que l'on nomme "touristiquement" Miglos, puis il y a Norgeat, Norrat, Axiat et Baychon. En 1272 on trouve dans les archives "vallis de Milglos" ; et l'église d’Arquizato dite de Miglos dès 1080-1098.
Cette seigneurie avait une indépendance relative qui faisait de ses seigneurs de petits souverains. L'existence particulière de ce fief, par son autonomie, est extrêmement intéressante pour l'étude de la vie intime, des moeurs de ces populations pastorales à travers les siècles du moyen-âge. Car la majeure partie des titres relatifs à cette terre nous ont été conservés ; quelques-uns sont originaux, les autres ont été transcrits au XVIIème siècle et réunis en un registre qui porte aux archives de l'Ariège série E, le titre de Cartulaire de Miglos. Ces documents abondent en renseignements curieux, ayant trait principalement aux droits de dépaissance dans les montagnes de Miglos, Siguier et Château-Verdun.
Photo de gauche, le château vu côté Nord / Est, et à droite vu en venant du village d'Arquizat
867, date des premiers documents connus sur cette seigneurie, la vallée de Miglos relevait du comté de Foix.
L'étymologie de ce nom "Miglos", d'où vient-il ? On lit dans les chartes, Melglos, Milglos, vallis de Milglosio, et dans le langage vulgaire, on prononce Miklos, le nom de cette vallée. Il est opportun toutefois de faire remarquer que dans plusieurs chartes du moyen-âge, un certain nombre de d'habitants de cette vallée sont mentionnés avec le prénom de Melglos ; ce qui évidemment peut paraître étrange puisque l'on ne connaît aucun saint de ce nom. Serait-ce dans le pays, une dégénérescence du mot Melchior ?
Différentes photos du donjon côté Nord / Est des ruines du château de Miglos
Dans le haut moyen-âge, les comtes de Foix avaient inféodé cette vallée à la végétation luxuriante, à une famille noble dont ils avaient probablement à récompenser les services. Ces chevaliers furent connus sous la dénomination de Miglos qui devint le nom patronymique des premiers possesseurs de ce fief jusqu'au XIVème siècle. Réservé aux enfants mâles, par ordre de primogéniture, cet alleu, dans le temps, peut-être remis en question et revenir au suzerain naturel, le comte de Foix, qui en dispose en faveur de tel autre chevalier ayant ses faveurs. On le constate dans les recherches réalisées, que plusieurs chevaliers ou damoiseaux occupant des fonctions élevées soit à la cour du comte de Foix, soit dans l'administration de la province, ont pris possession de cette terre et du château.
- Au commencement du XIIème siècle, Wilhem Aton, qui restitua à Saint-Sernin de Toulouse l'église et le dîmaire (ensemble des habitations et des terres) de Miglos qu'il avait usurpé, était-il seigneur de la vallée en raison de l'inféodation reçue par lui ou son père du comte de Foix ?
- Brunet de Miglos, fils ou frère du précédent, recueillit ses droits sur la vallée. Plus tard, pour obtenir la rémission de ses péchés, il se donna un jeudi de mai 1165, à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem et céda à l'hôpital de Capoulet (commanderie).
- Ses fils Pierre et Raymond de Miglos confirmaient en 1177, les libéralités que leur père avait faites à l'ordre de Saint-Jean. On sait que Pierre avait été témoin, en 1162, au pacte de mariage de Guilhem Arnaud de Marquefave avec la fille du comte de Foix, Roger Bernard.
- Arnaud de Miglos, probablement fils de Pierre, vivait dans les premières années du XIIIème siècle, il figure dans un acte en 1220.
En janvier 1213 le comte de Foix s'engageait à remettre le château de Miglos avec d'autres places, comme garantie de ses bonnes intentions à l'égard de l'église, entre les mains du roi d'Aragon qui s'était porté caution pour les comtes de Toulouse et de Foix.
En 1243 Arnaud de Miglos était toujours seigneur de Miglos.
Le catharisme et la guerre ensuite jetèrent Arnaud de Miglos en prison. Convaincu d'hérésie, à la suite de la chute de Montségur, en mars 1244, il ne fut pas déclaré faydit (proscrit) mais emprisonné à Carcassonne jusqu'en décembre 1248. Arnaud de Miglos avait en effet fourni des armes aux défenseurs de Montségur : frondes, balistes et arbalètes.
- Pierre de Miglos succéda à son père Arnaud. Le 29 novembre 1250, il fit abandon à l'abbé de Saint-Sernin des dîmes et prémices et de tous les droits auxquels il pouvait prétendre sur l'église Saint-Hilaire de Miglos.
Pierre laissa plusieurs enfants dont Pierre qui paraît avoir été l'aîné, Raymond et Arnaud qui furent damoiseaux (on les trouve témoins sur acte en 1301). Pierre l'aîné joua un rôle important dans deux circonstances différentes intéressant les habitants de la vallée et l'église de Miglos, en 1298-99 et en 1309.
La D156 menant aux ruines du château de Miglos, ici le parking et l'aire de picnic
- C'est vers 1310-1312 que disparaît, en quelque sorte, la descendance des premiers seigneurs de Miglos, pour faire place à une famille nouvelle, puissante et ayant les faveurs du comte de Foix.
Il ne faut pas oublier que nous sommes à ce moment là en plein réveil de l'hérésie albigeoise qui se produisit dans le comté de Foix vers 1312. Leurs biens ont-ils été confisqués par le tribunal de l'Inquisition ? Il y a tout lieu de le supposer.
En 1311, la seigneurie de Miglos entra dans la puissante famille des d'Alion, ou de Son, ou d'Usson.
Le premier connu de ce nom est Bernard Ier, vicomte d'Evol, qui vivait au début du XIIème siècle et s'intitulait prince souverain de Donezan. Celui-ci, dans le comté de Foix, il possédait les seigneuries de Prades et de Montaillou. Son nom était originairement d'Alion du lieu de Monte Alionis.
Pour la petite histoire, le fils Bernard II épousa Esclarrmonde la sœur du comte de Foix.
Ce fut Guillaume d'Alion qui changea le nom d'Alion pour celui de Son, du château de Son dans le Donezan.
Bernard 1er ou Bernard de Son avait le titre de baron, régna sur Miglos jusqu'en 1331, il céda la seigneurie à son fils Jean qu'il gérera jusqu'en 1342.
Bernard de Son était aussi vicomte d'Evol et seigneur de Coursan, il était donc encore très occupé.
Les ruines du château de Miglos en été
Les ruines du château de Miglos en automne
- Nouvelle époque, une nouvelle famille prend possession de la seigneurie de Miglos. En 1342 comment la puissante famille Rabat obtint Miglos ? Impossible de le préciser. La maison Rabat occupa au moyen-âge un des premiers rangs parmi la noblesse du pays de Foix, elle disparut vers le milieu du XIVème siècle.
Le chevalier Jourdain de Rabat devint seigneur de Miglos en 1342. Il mourut vers 1360, sans enfant mâle, laissant la seigneurie de Miglos à sa fille Brunissen de Rabat, sous la tutelle de noble chevalier Guilhem Arnaud de Château-Verdun. L'héritière de la baronnie de Miglos épousa quelques années plus tard en 1380, un chevalier de la maison d'Ascnava ou d'Arnave, Guilhem-Bernard, descendant du chevalier de même nom, coseigneur de la place de Saverdun. Apparentée aux maisons de Foix et de Mirepoix, cette famille était une des plus riches du haut comté, où elle possédait des domaines considérables. Elle disparut au XVème siècle fondue dans la branche des barons d'Ornolac.
Les habitants de la vallée comme d'habitude ont subi d'énormes rigueurs pendant toutes ces périodes et à chaque changement de seigneurs les redevances étaient de plus en plus lourdes.
Guilhem-Bernard d'Arnave meurt vers 1410. La baronnie de Miglos passa alors, dans les domaines de la maison de Béon dont une branche était fixée dans le pays de Foix sous le nom de Béon de Massez. Cette famille du Béarn était originaire de la terre de Béon, dans la vallée d'Ossau.
Une vue côté Est des ruines du château de Miglos mis en valeur par le soleil couchant
- Guilhem Arnaud de Béon pris possession de la seigneurie de Miglos dés les premières années du XVème siècle. Il était le conseiller de Jeanne d'Aragon, comtesse de Foix et de Bigorre. Entre 1410 et 1420, il épousa Marguerite, fille de Jean de Foix 1er, seigneur de Rabat. Guilhem Arnaud de Béon mourut vers 1450. De son mariage, il eut une fille, Catherine, qu'il institua héritière de la seigneurie de Miglos, qui fut mariée à un noble, Manaud de Louvie et mourut sans enfants. En août 1451, Manaud de Louvie assistait au siège de Bayonne accompagnant Gaston IV de Foix dans cette expédition.
Le soleil de fin d'hiver est encore bas sur l'horizon, ses rayons rasants éclairent le château de Miglos
- Manaud de Louvie et sa femme Catherine de Béon, prirent possession de la seigneurie de Miglos le 3 octobre 1454 exactement. A cette époque la seigneurie comptait cinq villages : Baychon, Arquisat, Nourgeat, Axiat et Nourrat. Catherine de Béon possédait aussi le château dit Lamotte à Tarascon sur Ariège.
Chaque période connut des difficultés entre le seigneur et ses gens à l'occasion des prélèvements des redevances. Manaud de Louvie se montra à ce sujet plus loyal et plus libéral que tous ses prédécesseurs. Les seigneurs de Miglos prélevaient aussi un droit sur les marchandises que les Andorrans transportaient en France en traversant le territoire de la baronnie.
Il est vrai qu'aux premiers temps du moyen-âge, les chevaliers, seigneurs de vastes domaines, ne possédaient qu'un bien mince pécule, et ils devaient souvent avoir recours aux riches maisons religieuses, et plus tard à la bourgeoisie, pour se procurer les deniers nécessaires, soit à leurs entreprises, soit à l'entretien de leurs maisons. Sans doute, les seigneurs baillaient en emphytéose (bail de longue durée) les terres de leurs domaines qu'ils ne pouvaient directement cultiver ; mais la redevance à laquelle était tenu le preneur ne consistait, le plus souvent, qu'en rentes en nature et en quelques deniers. Les vassaux étaient soumis à des taxes pour cultiver les parcelles de terre des seigneuries ce qui faisait quelques subsides.
Manaud de Louvie en 1494 vivaient encore il était âgé de 77 ans. Le couple mourut sans enfants.
Le côté Nord le château de Miglos dans la brume du petit matin en été
Le côté Nord / Est des ruines du château de Miglos émergeant de la brume en automne
Le côté Nord / Est des ruines du château de Miglos
Le côté Est des vestiges de Miglos, cette photo lui donne un côté mytérieux !
La tour carrée Ouest du castrum de Miglos
- La seigneurie de Miglos passa alors par substitution dans une branche collatérale de la maison de Béon. Un jeune seigneur, petit neveu de Guilhem Arnaud de Béon, prit possession de la baronnie de Miglos en 1510, il s'appelait Pierre de Béon, vicomte de Sére, marié à Jeanne de Foix. Eux aussi moururent sans enfants.
- On trouve en 1530, Jean de Béon administrateur des biens de son fils mineur Sébastien de Béon, seigneur et baron de Miglos (probablement neveu de Pierre de Béon).
Sébastien de Béon épousera vers 1550 Marie Isalguier, fille de Bertrand, baron de Clermont. Il mourut peu de temps après, ne laissant qu'une fille, Marguerite.
La veuve Marie Isalguier épousa en secondes noces le 20 août 1564, Jacques de Rochechouard de Barbazan, baron de Faudoas et de Montégut.
Panorama du château de Miglos, photo HDR pour (High Dynamic Range) qui consiste à jouer sur les différences de luminosité, contre-jour, surexposition
- Marguerite de Béon, fille de Sébastien de Béon fut unie vers 1570-1575, à un noble Bernard de Goth, seigneur de la Motte-Bardinges, du Montet et de Salignac. Le couple fut en possession de Miglos en 1579. Le 3 juin 1579, les principaux habitants de la seigneurie de Miglos furent assemblés sur la place publique du lieu, afin de leur faire connaître les règles et usages, confirmer les privilèges déjà établis, les impôts et l'organisation de la seigneurie de la vallée. Tout ceci est mentionné devant le notaire de Tarascon (pièce conservée aux archives de l'Ariège). L'acte révèle l'état misérable des habitants de la vallée qui, pour entretenir leur famille, ne pouvaient vendre plus de deux charges d'âne de bois pris dans les forêts seigneuriales.
Bernard Goth sur le point de quitter son château pour rejoindre l'armée fit son testament le 26 juin 1589. Celui-ci mourut peu de temps après dans la lutte que soutenait Henri de Bourbon contre l'armée de la Ligue pour la conquête du trône de France.
Sa femme Marguerite de Béon mit au monde une fille peu après son départ pour l'armée.
Marguerite de Béon convola en secondes noces le 7 février 1595 avec Joseph-François de Montesquiou seigneur de Sainte-Colombe, de Gélas et du Périer, chevalier conseiller du roi.
Pour info : un membre de cette branche des Montesquiou avait tué le prince de Condé à Jarnac en 1569.
Le donjon, côté Est du château de Miglos
- Marguerite, alias Miramonde de Goth, dame de Miglos, fille posthume de Bernard de Goth, épousa au début du XVIIème siècle, un noble, François de Montaut-Labat. Voilà donc encore la terre de Miglos changeant de seigneur, faute d'héritier mâle susceptible de perpétuer le nom des premiers possesseurs. Cependant, cette branche de l'illustre famille des Montaut conserva le fief de Miglos jusqu'à la Révolution. La maison de Montaut soutint, au moyen-âge, la cause du comte de Toulouse contre les barons de France. La plupart de ses domaines, à la suite de la croisade, furent vendus au comte de Foix.
Nous savons peu de choses sur les Montaut, seigneurs de Miglos. Ils durent abandonner le vieux château féodal, devenu à cette époque une demeure bien incommode, et firent construire à l'entrée du village d'Arquizat, au-dessous du rocher qui supporte les anciennes murailles, une habitation plus vaste, mieux appropriée aux mœurs et aux goûts du temps. Ce bâtiment fut en partie détruit par un incendie au début du XVIIIème siècle. Ce qu'il resta fut transformé ensuite en ferme.
François de Mautaut 1er mourut jeune, laissant la baronnie de Miglos à son fils François de Montaut II qui épousa Marguerite de Montron d'Escouloubre. Ils eurent neuf enfants dont l'aîné, Louis-Alexandre de Montaut, marié à N. du Faur de Saubiac, fut baron de Miglos vers 1640.
Les Montaut se succédèrent ainsi jusqu'à la Révolution, Jean-Louis de Montaut baron de Miglos, épousa, en 1769, N. de Combettes-Caumont. Il fut le dernier seigneur de Miglos.
Le côté Est de l'ensemble des ruines du château de Miglos, avec au fond le Pic du Far enneigé altitude 1925m
La vision des ruines de Miglos quand vous arrivez de Niaux par la D156
Le dernier baron de Miglos assista à toutes les phases de la Révolution. Il eut même un différent avec les habitants, relatifs au paiement de certaines redevances, en 1791, après l'abolition des privilèges et des droits seigneuriaux. Certains seigneurs des Pyrénées qui ne pouvaient admettre une modification aussi profonde dans les institutions, se refusaient à reconnaître la force d'une loi les privant de privilèges dont ils avaient de tout temps joui.
Le baron de Miglos, dénoncé comme aristocrate dangereux, fut arrêté et conduit à Paris, où il périt sur l'échafaud avec tant d'autres infortunées victimes.
Suite aux ordonnances de Charles X, en 1830 des évènements se produisirent, les habitants se ruèrent sur le château où il fut pillé, en partie incendié, et les bois et les terres n'échappèrent pas non plus à la rage dévastatrice des habitants.
DESCRIPTIF DU CHÂTEAU DE MIGLOS
Au sommet d'un rocher inaccessible de toute part, excepté au Sud, du côté du village d'Arquizat Ce château féodal de Miglos, qui dresse fièrement ses imposantes ruines en un point stratégique de la vallée de Vicdessos, entre Niaux et Capoulet, défendait au moyen-âge une grande partie de la contrée. Du pied de ses murailles jaunies par le temps, on découvre, une vue aussi pittoresque que grandiose sur la vallée de Vicdessos.
Le site avait été admirablement choisi pour une construction de ce genre. Le donjon, qui surveillait la longue route de Tarascon à Vicdessos, défendait aussi l'accès de la vallée de Miglos et concourait même par sa position à la défense de tout le pays. La plate-forme qui supporte les restes du château mesure 100 mètres de long sur 25 ou 30 mètres de large.
Plan des ruines du chateau de Miglos datant de 1890, extrait de l'ouvrage "La Baronnie de Miglos" publié par C. Barrière-Flavy en 1894.
Autre plan plus détaillé des ruines du chateau de Miglos dressé en février 1977 par Gérard Lafuente, Christian Pujol et Paul Rous.
Le côté Sud/Est de l'ensemble des ruines du château de Miglos, avec le donjon à droite
L'enceinte fortifiée dans laquelle était compris le château proprement dit est de forme elliptique et entoure tout le sommet du rocher. On découvre ça et là quelques substructures qui permettent d'en suivre le développement. L'entrée du château devait se trouver au Sud, à l'un des points les plus escarpés. Deux énormes blocs de maçonnerie indiquent seuls aujourd'hui l'emplacement de cette porte étroite. Les murailles côtés Nord/ Ouest et Nord/Est sont encore debout ; les bâtiments qui s'élevaient au midi et au Sud/Ouest ont totalement disparu. Des amas de pierre remplacent aujourd'hui les dépendances du château qui devaient être séparées de l'habitation du seigneur par une cour intérieure. Les toits et les étages des bâtiments ont depuis longtemps croulé. Les murs n'offrent plus aux regards que de béantes crevasses. Le donjon situé à l'Est semble avoir défendu l'entrée de cette demeure féodale. Haut de 20 mètres environ, de forme plutôt barlong que carré puisqu'il mesure 4,50 m sur deux de ses côtés et de 6,00 m sur les autres, ses murs épais sont construits avec la pierre de la contrée. On remarque un agencement irrégulier des matériaux, ce qui permet de dire que le donjon a dû être repris depuis la moitié de sa hauteur environ jusqu'au faîte. L'étage supérieur était ajouré au Nord/ Est, au-dessus du chemin de Baychon, par une fenêtre ogivale trilobée qui se voit encore. A l'examen de la partie intérieure, il est aisé de voir que deux étages au moins y avaient été aménagés. Un escalier pratiqué au dedans, aujourd'hui disparu, devait y conduire, puisqu'il n'existe aucun vestige de tourelle extérieure appliquée au donjon et portant les degrés pour permettre l'accès aux étages supérieurs.
Les restes du donjon de Miglos
Contigüe au donjon s'ouvrait une vaste salle de 15,00 m de long. Le mur oriental était percé de cinq meurtrières destinés à protéger ce côté du château facile d'accès. Des trous apparents à mi-hauteur des murs laissent à penser qu'il existait un second étage aujourd'hui effondré. Il en est de même de la salle voisine, sise au Nord, longue de 9,50 m sur 5,20 m de large. On y remarque dans le sens de la longueur, une large cheminée dont le mur est renforcé extérieurement par deux contreforts.
La tour occidentale, qui n'atteint que 15,00 mètres de haut, est encore de forme barlongue, mesurant intérieurement sur ses faces 2,60 m et 5,00 m. De même que le donjon, elle ne porte que des créneaux droits sans mâchicoulis. Il y a une salle inférieure, qui devait être autrefois au niveau du sol de la cour intérieure, elle n'a aucune ouverture, elle devait servir de prison.
La partie méridionale du château étant complètement ruinée, il est bien difficile de reconstituer l'édifice et de lui rendre l'aspect qu'il avait aux siècles passés.
Merci à Jean-Michel Fauré qui fait parti de l’Association des " Amis du Château de Miglos " (A.A.C.M.) pour ces magnifiques photos des vestiges du château prisent sous la neige
Cette photo a servi à réaliser l'affiche pour la veillée au château de Miglos en août 2011, merci à Jean-Jacques Pujol de me l'avoir adressée ainsi que la photo ci-dessous.
Une prise de vue du village de Lapège sur la vallée de Miglos. On aperçoit le donjon du château à gauche du village d'Arquizat
A quelle époque remonte la construction du château ? Au premier abord, il paraît rationnel d'admettre qu'il fut bâti au XIVème siècle, car un texte datant de 1320, mentionne le refus opposé par les vassaux au seigneur de faire le charroi au château de Miglos. Ce qui porte à croire que le château était déjà bien là à cette époque, le seigneur étant Bernard de Son. Cette forteresse existait dés le milieu du XIIème siècle, Pierre de Miglos figurant parmi les seigneurs rendant hommage au comte de Foix le 14 janvier 1160. On trouve aussi, le "castro de Miglos" est cité en 1272 dans une enquête sur la délimitation du comté de Foix.
Photo intéressante du Château de Miglos en 1910, remarquez que les montagnes sont dénudées à cette époque, du fait de l'utilisation intensive du bois, pour se chauffer, cuisiner et construire.
C'était un sentier rocailleux qui menait au château et au village de Miglos à cette époque, on l'aperçoit sur la droite.
En voici une autre datant de 1900
A Miglos, pas de mâchicoulis, la défense devait être organisée au moyen de hourds, sorte d'échafaudages ou balcons de bois, d'où les hommes d'armes pouvaient jeter sur les assaillants des projectiles de toute sorte. Plus tard, au XIVème siècle, ces hourds, que l'ennemi avait la faciliter d'incendier, furent remplacés par des mâchicoulis et les encorbellements en pierre.
Du sommet du donjon, on communiquait aisément, par signaux, avec le château de Quié, que l'on apercevait au Nord, dominant Tarascon et au Sud/Ouest avec la tour carrée d'Olbier, sorte de poste avancé de l'enceinte fortifiée dite de Montréal, au-dessus de Vicdessos.
Pendant la Révolution, le château déjà ruiné depuis plus d'un demi-siècle sera la proie des flammes. Je rappelle qu'à cette époque, le baron Jean-Louis de Montaut et sa famille habitaient une vaste demeure sise à l'entrée du village d'Arquizat, côté Capoulet.
Le village d'Arquizat proche du château de Miglos en 1950
Une belle carte postale du château de Miglos datant des années 1950
Le château sera définitivement mis à sac lors des évènements de 1830. Obligé de s'enfuir, le propriétaire Jean-Louis Hyacinthe de Vendomois qui avait épousé l'héritière des Montaut de Miglos vendra tous les biens qu'il possède à Miglos, aux habitants de cette commune.
Actuellement les ruines médiévales appartiennent au Conseil Général de l'Ariège. Elles ont été classées parmi les monuments historiques le 22 septembre 1987.
Une association s'est aussi créée, elle s'est fixée pour objectif de sauvegarder ces vestiges et mettre le site en valeur : l'Association des Amis du Château de Miglos, siège social : Mairie - 09400 Miglos.
Le site a besoin d'être mis en sécurité, des travaux de consolidation des murailles sont nécessaires. Actuellement vous ne pouvez pas approcher les murs, des chutes de pierre sont toujours possibles (voir la photo ci-dessous).
Voici une liste chronologique des seigneurs de Miglos du XIIème au XVIIème siècle :
1108 - 11.. - Wilhem Aton
1165 - .... - Brunet
1177 - .... - Pierre et Raymond
1220 - 1250(?) - Arnaud
1250 - 12.. - Pierre, fils d'Arnaud
1298 - 1310 - Pierre, Raymond et Arnaud, les fils de Pierre.
1311 - 1331 - Bernard de Son
1331 - 1342 - Jean de Son, fils de Bernard
1342 - 1360 - Jourdain de Rabat
1360 - 1380 - Brunissen de Rabat, fille de Jourdain de Rabat
1380 - 1410(?) - Guilhem Bernard de Rabat, mari de Brunissen de Rabat
1410 - 1450 - Guilhem Arnaud de Béon, épouse Marguerite de Foix-Rabat
1450 - 1492(?) - Manaud de Louvie, mari de Catherine de Béon, fille de Guilhem Arnaud de Béon
1510 - 1530 - Pierre de Béon, vicomte de Sère, mari de Jeanne de Foix
1530 - 1563 - Sébastien de Béon, probablement neveu de Pierre de Béon
1563 - 1570 - Marguerite de Béon, fille de Sébastien de Béon
1575 - 1589 - Bernard de Goth, mari de Marguerite de Béon
1590 - 1610 - Marguerite ou Miramonde de Goth
1610 - .... - François de Montaut-Labat, mari de Marguerite de Goth.
Sachez que l'hymne à l'Ariège a été composé par l'abbé Sabas Maury (1863-1923) originaire d'Arquizat ; curé d'Arquizat en 1890 et de Norgeat en 1901 puis curé honoraire de Varilhes où il décéda.
Je vais vous présenter quelques photos vous montrant le point de vue magnifique que l'on a sur la vallée de Vicdessos et ses environs :
Julie n'est pas rassurée sur la table d'orientation du site du château de Miglos
Sur celle-ci l'horizon est un peu bouché mais je vous la mets quand même, car elle a son charme
Dans la direction Nord / Ouest vous apercevez le petit village haut perché, de 35 habitants, Lapège à 1000m d'altitude
Zoom sur le petit village haut perché de Lapège
Au fond le Pic du Far 1925 m
En contre-bas du château de Miglos plein Ouest, la vallée de Vicdessos s'étale devant vous, avec ici, le village de Capoulet et Junac
Le point culminant le plus à gauche c'est le pic Rouge de Bassiès 2076 m
Zoom sur le petit village de Junac
Le village de Lapège accroché à flanc de montagne
Le village de Lapège endormi sous la neige
La vallée de Vicdessos à Niaux
Le village d'Arquizat dans la vallée de Miglos
Le clocher de l'église Sain-Hilaire du petit village tranquille d'Arquizat
Le clocher de l'église Saint-Hilaire d'Arquizat
Photo prise du village de Lapège, on aperçoit le castrum de Miglos à gauche et le village d'Arquizat
Le village d'Arquizat en 1900
Une vue générale du village d'Arquizat en 1900 dans la vallée de Miglos
Le forteresse de Miglos en 1900
Le village de Capoulet dans la vallée de Vicdessos en 1920, on aperçoit le château de Miglos en haut
Le château de Miglos à la sortie de l'hiver, en face, on aperçoit le village de Lapège, 35 habitants( altitude de 1000m environ)
On quitte le château de Miglos, et si ce reportage vous a plu j'en serais ravi, un autre tout aussi intéressant va suivre ...
Si vous désirez participer et me proposer des reportages avec vos photos, écrivez moi.
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Eh bien, voilà encore un beau reportage, qui mérite tous mes remerciements aux internautes photographes qui ont bien voulu partager et grâce à leurs clichés, permettent de documenter et de mettre en valeur ce reportage, que je réalise bénévolement pour la promotion d'une belle région : L'AUDE ! L'aventure continue ...qu'on se le dise !!
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